Thor Navigator Wrote:Qui plus est, un ministre, fut-il des transports, ne s'immisce pas directement dans les études des grands projets, on n'est pas dans une république bananière !
La banane est un fruit très apprécié dans les ministères... Les interventions politiques font le délice d'un certain palmipède paraissant le mercredi. Lorsque la collectivité que représente le politique en question passe à la caisse, l'intervention est rendue publique. Mais lorsque la dépense supplémentaire passe au budget général, l'intervention reste occulte.
Vos informations sont intéressantes pour éclairer le statut du raccordement de Roeux, dit "Arras nord". Par contre, pour celui d'Oxelaëre (Cassel), on a clairement l'impression qu'il s'agit d'un raccordement de travaux pérennisé, construit à l'économie. Cela n'aurait pas été la première fois que la SNCF réalise une installation pour calmer certaines revendications locales puis cesse de l'utiliser au bout de quelques années. Après tout, on a électrifié Douai-Cambrai pour faire passer un TGV quotidien, supprimé très rapidement. Heureusement, l'investissement a été utile au trafic TER, sur une ligne longtemps menacée de fermeture. Nos raccordements se sont avérés finalement très utiles à l'heure du TER-GV.
Maintenant, je suis très critique vis à vis de la politique générale de la SNCF, celle qui se décide "en très haut lieu". En tant qu'ancien usager, pour avoir vues des rames tellement délabrées qu'il manquait des dossiers ou des assises de sièges, des compartiments ou des voitures sans lumière ou sans chauffage, pour avoir manqué de peu de faire tomber une vitre demi-ouvrante qui ne tenait plus sur la voie, pour avoir vu revenir en roulement des machines visiblement défectueuses, jamais réparées, pour nous avoir un jour laissé partir sur la LGV avec un ex-Eurostar à moitié en panne et qui s'est planté à 80 km de Paris alors qu'à ce jour et cette heure, le remplacement était possible et s'être fait jeter pour le remboursement malgré l'heure de retard.
En tant que ferroviphile, je suis critique pour voir un PDG de la SNCF nous refaire le coup du bus, qui a si bien marché pour liquider des lignes régionales, cette fois dans l'intention non avouée de liquider les trains Corail. J'aimerai voir le PDG d'Air-France se pavaner dans un autocar ? Je ne dis pas cela pour peiner les chauffeurs routiers du forum, juste à chacun son métier. Un réseau de transport est composé de modes complémentaires et pour prendre un gamin à 7 h du matin devant chez lui, le car est indispensable.
Je suis critique en lisant ce que nous raconte notre collègue sur la ligne Paris-Orléans qui n'est pas sans analogie avec ce qui se passa avant la faillite des compagnies nord-américaines dans les années 60, matériel et infrastructures anciens et délabrés, absence d'entretien, personnel réduit en dessous du minimum... On n'est pas au fin fond de la Creuse mais sur une grande ligne qui part de Paris. Ligne qui fut de surcroit affectée d'un épouvantable et inacceptable accident. (*)
Aussi critique envers une certaine gabegie financière. Je parlerai du matériel, c'est ce qui se voit le mieux. Les rames TER citées plus haut furent finalement rénovées aux frais du contribuable. Elles ont roulé quelques mois et encore pratiquement neuves ont gagné les voies du ferrailleur. Nos urbexeurs ont découvert à l'autre bout de la France des rames au cimetière dont l'intérieur était tellement propre qu'on se demande si elles ont roulé depuis leur sortie d'atelier. La SNCF est incapable d'assurer le service dans les Hauts de France avec un matériel récent et de qualité malgré certains défauts (protection contre les chocs quotidiens). Quant on pense au taux de ponctualité des années 70 avec des vieilleries d'avant guerre et des "boites de conserve" en inox ?
Le recours au privé ? Ce qu'on me propose ne m'enthousiasme pas. On l'a vu en GB, lorsqu'un EF est dirigé par des vrais cheminots, propose un service de qualité et satisfait ses usagers, on le remplace par un concurrent moins cher, que ce soit un vendeur de disques ou une compagnie de cars. Ou ce sont ses actionnaires privés qui abandonnent à la première difficulté. Lamartine avait vu juste, le transport est un service public essentiel autant que l'eau ou l'énergie. J'aimerai que la SNCF défende le train comme Air-France défend l'avion ou comme Renault défend la voiture. Comme disait le Général : "elle fait quoi votre SNCF ?" (**)
(*) Les rames ont été remplacées, aux frais du contribuable. De belles rames automotrices aptes à 200, quoi qu'on en dise, pas du petit matériel. Maintenant, il faut les faire rouler, les entretenir...
(**) Alain Peyreffite, entretiens rapportés dans "C'était De Gaulle"