Bonjour,
L'enquête publique se termine dans quelques jours. D'après la PQR, ça commence à s'agiter : les élus d'opposition ou encore des associations telles que Vélorution (pro-vélo) ont déposé leurs contributions. La Ligne 2, tant désirée et tellement retardée suscite donc de l'intérêt ! C'est une bonne chose.
Et contrairement à ce que j'ai pu lire dans la presse, je n'ai pas la sensation que le projet est arrivé à l'enquête publique comme un cheveu sur la soupe et qu'il semble déjà ficelé. J'ai plutôt tendance à me dire que le projet a bien évolué depuis la première consultation préalable de 2006 et que pas mal des propositions que j'ai pu entendre en assistant aux réunions publiques lors de la seconde concertation en 2008 (que j'ai trouvée plus enrichissante que celle de 2006, tant sur le plan personnel que pour le projet) ont été intégrées au projet.
Alors bien sûr il y a dans ce qu'on nous présente à l'enquête publique des points sur lesquels nous ne sommes pas d'accords. C'est normal (surtout que nous sommes passionnés par la question). Mais globalement, et personnellement, je trouve le projet acceptable et je souhaite qu'il voit le jour.
C'est pourquoi, dans ma contribution à l'enquête publique, je n'ai pas intégré tous les reproches que je pourrais faire au projet parce que mon intérêt, et surtout mon souhait, c'est que les commissaires-enquêteurs rédigent un avis favorable et que le préfet signe la déclaration d'utilité publique : on ne peut plus se permettre de reporter encore la construction de cette ligne ! Et comme je sais que dans ce genre de consultations, les opposants se font souvent plus entendre que ceux qui sont favorables au projet, je me dis que des listes entières de reproches ont déjà dû être déposées dans ces registres !
Voici donc ma contribution, que je pense à peu près équilibrée.
J'espère que vous avez aussi participé à cette enquête, et n'hésitez pas à partager vos contributions ici aussi.
BoDiAbLe, sur un des registres de l'enquête publique Wrote:
Les points positifs du projet :
1) Le choix du mode trolleybus, véhicule électrique et performant parfaitement adapté au profil pentu du tracé.
La technologie « guidage optique » en stations, même si elle peut être considérée comme un luxe pas forcément indispensable pour atteindre les objectifs d’accessibilité (cf. l’exemple du BusWay de Nantes qui n’en est pas équipé), contribuera à apporter un confort supplémentaire et optimal aux Personnes à Mobilité Réduite.
Attention tout de même à ne pas se doter d’un véhicule au design trop avant-gardiste ou trop imposant comme ceux parfois présentés sur les panneaux de présentation du projet (type trolleybus civis de Bologne ou Florence) : des trolleybus au design moderne mais discret comme ceux de Lyon devraient mieux s’intégrer au paysage nancéien et aux quartiers traversés (centre historique, secteur sauvegardé, ZPPAUP).
2) Le choix d’un tracé nord/sud, complémentaire à celui de la Ligne 1, avec une mise en site propre quasiment sur toute la traversée de la commune de Nancy en réduisant fortement l’emprise de la voiture sur des artères importantes comme le boulevard Albert 1er ou la rue Jeanne D’Arc. La Ligne 2 se voit ici vouée à un caractère structurant tant au niveau du réseau de transport que dans l’urbanité de l’agglomération.
De plus, ce parcours, qui allie desserte fine de trois quartiers d’habitat social (Champ-le-Bœuf, Haut du Lièvre, Californie), d’une zone d’activités économiques en plein développement (ZAC Saint Jacques, Médipôle de Gentilly) et d’un des pôles majeurs de la future Université de Lorraine (le campus Lettres de Nancy) irriguera des artères qui méritent une rénovation urbaine de grande ampleur qui va pouvoir être effectuée dans le cadre de la réalisation de la Ligne 2 :
- les boulevards de Scarpone et Albert 1er,
- les rues Raugraff, Saint-Dizier et des Quatre Eglises,
- la future place Charles III (actuelle place Henri Mengin), la place des Vosges
- ou encore l’avenue de Strasbourg.
Un soin particulier doit être donné à ces revalorisations urbaines tant ces artères sont fréquentées (et donc porteuses d’image pour l’agglomération) ou patrimoniales (place des Vosges et avenue de Strasbourg notamment).
3) Le passage par le centre-gare, qui constitue le véritable lieu de l’intermodalité de l’agglomération ET par le Point Central, cœur de l’hypercentre, ce qui va permettre de soulager l’axe République/Point Central de la Ligne 1, saturé.
4) Le choix d’électrifier la ligne de bout en bout, qui constitue la garantie d’une exploitation fiable, confortable, économique et écologique de part en part du parcours.
L’électrification de la section entre le terminus sud de la ligne et le dépôt Marcel Brot, où seront remisés les véhicules, est également une bonne mesure.
5) Le souhait du Grand Nancy, dans le cadre du renouvellement en cours de la Délégation de Service Public du réseau Stan, d’associer le futur exploitant à la réalisation de la Ligne 2 tant financièrement que techniquement est appréciable : le professionnalisme de l’exploitant, d’autant plus s’il exploite le mode trolleybus sur d’autres réseaux français et/ou étrangers, devrait être bénéfique au projet nancéien.
6) L’implantation des deux P+R prévus boulevard de Scarpone et au terminus sud de la ligne à Jarville, qui devraient rendre encore plus attractive la Ligne 2 notamment pour les automobilistes en provenance des bassins de Pompey et de Saint-Nicolas-de-Port.
Les points négatifs du projet :
1) La mise en site propre de la Ligne 2 sur les ponts Foch et Poincaré ne semble envisagée qu’en fonction de l’avancement de la restructuration du centre-gare, dans le cadre de l’opération d’urbanisme « Nancy Grand Cœur ». C’est regrettable, parce que ces deux points comptent parmi les plus congestionnés du centre-ville, et si l’impact est trop nuisible sur la régularité de la ligne, celle-ci pourrait perdre en attractivité.
Mais c’est surtout préoccupant : on se souvient que la mise en site propre et l’installation du rail de guidage sur la commune de Saint-Max était un objectif affiché lors de l’enquête publique de la Ligne 1 et à ce jour, rien n’a été réalisé…
La mise en site propre des ponts du quartier Gare devrait être réalisée dès le départ.
2) L’infrastructure des stations, qui ne sera dimensionnée que pour accueillir des véhicules de 18 mètres (trolleybus articulés), alors qu’il serait plus sage de prévoir dès le départ des stations plus longues capables de recevoir un jour, si le besoin s’en fait ressentir, des véhicules plus longs (bi-articulés de 24 mètres), voire même un autre mode de transport (type tram).
Les carences de la Ligne 1 en la matière devraient servir de leçon si l’on ne souhaite pas se retrouver avec une ligne « Campus » bis telle que celle récemment mise en place pour pallier la sous-capacité de la Ligne 1 aux heures de pointe.
De même, les exemples de Rouen et de Nantes, qui testent en ce moment des véhicules bi-articulés sur leurs lignes de TCSP équipées de bus articulés 18m, confirment l’intérêt d’une telle mesure préventive.
3) L’abandon du projet de vaste P+R à La Sapinière vu que la Ligne 2 sera limitée au Champ-le-Bœuf est regrettable.
Pourtant, même sans être desservi par la Ligne 2, un P+R à La Sapinière s’avèrerait assurément attractif pour les automobilistes en provenance de l’A31 Toul/Paris/Dijon/Lyon.
Le projet présenté ici propose de construire à la place un P+R place Godefroy de Bouillon or, en plus d’être peu attractif en étant si proche du centre, celui-ci risque au contraire de se transformer en véritable aspirateur à voitures tant il peut se montrer attrayant pour les étudiants du campus Lettres tout proche.
L’idée, avancée sur son site web pour les municipales 2008 par le maire de Laxou (qui n’est autre que l’actuel vice-président en charge du projet de Ligne 2 à la Communauté urbaine) de construire, sans pour autant y envoyer la Ligne 2, un P+R à La Sapinière associé à une ligne 121 qui serait prolongée de quelques centaines de mètres depuis son actuel terminus de Beauregard, qui serait re-dynamisée (augmentation des fréquences, optimisation des cadences grâce à l’installation de priorités aux feux avenue de la Libération) et ré-équipée de trolleybus classiques (puisque toute l’infrastructure électrique est encore en place) constitue une alternative tout à fait crédible, probablement mois coûteuse que la construction d’un P+R souterrain sous le square de l’Yser/place Godefroy de Bouillon et assurément bonne pour l’image du réseau de transport avec le retour du trolleybus classique sur le 121 (et tout ceci serait de surcroît tout à fait en cohérence avec les ambitions écologiques désormais affichées par le Grand Nancy et son président).
L’idée mérite donc d’être intégrée au projet de Ligne 2.
4) Les premières esquisses de restructuration du réseau bus autour des Lignes 1 et 2 prévoient de rabattre massivement certaines lignes sur la Ligne 2, alors même que le principe, déjà mis en place autour de la ligne 1, a montré ses limites et nécessité certaines corrections (prolongements de quelques lignes de bus, création de la ligne 130 par exemple).
Il est entre autres prévu de limiter certaines lignes suburbaines aux extrémités de la Ligne 2 aux heures creuses. Déverser un bus articulé sur un autre (trolley) bus articulé, c’est à dire de même capacité, difficile de saisir l’intérêt d’une telle mesure… Les lignes suburbaines doivent donc continuer à rallier le centre-ville de Nancy sans correspondance pour rester attractives.
De même, il semble prévu de limiter les lignes 134-135 en provenance par le cours Léopold des Trois-Maisons et de Maxéville au niveau de la place Dombasle, imposant une correspondance avec la Ligne 2 qu’il faudrait emprunter pour simplement une station afin de rejoindre le Point Central...
Cette rupture de charge serait plus que dissuasive.
Ou, pire encore, le Grand Nancy semble s’orienter vers la fusion de la ligne 121 avec les lignes 134-135 (section sud) de la gare jusqu’au Vélodrome via le boulevard Joffre et le pont des Fusillés.
Ce projet, en plus de ne plus offrir un accès au Point Central aux usagers en provenance des quartiers Mon Désert et Haussonville, serait plus que nuisible au retour du trolleybus classique sur le 121 : les axes qui seraient empruntés au-delà du centre-gare par ce nouveau 121 ne sont en effet pas équipés en lignes aériennes.
On ne peut décemment pas d’un côté prôner un retour à des valeurs plus écologiques (jusqu’à vouloir installer des panneaux solaires place Stanislas comme le projette la mairie), souhaiter optimiser les infrastructures existantes en réhabilitant les lignes aériennes déjà en place sur le parcours de la Ligne 2 que ses véhicules réutiliseront, et ignorer de l’autre côté le fait que les lignes aériennes sont aussi toujours en place avenue de la Libération, qu’elles ont même été préservées et entretenues depuis 2001 puisqu’on projetait d’y faire circuler les trolleybus Ansaldo Breda sur la ligne 121, et ne pas envisager d’équiper de nouveau cette ligne de trolleybus classiques (c’est-à-dire des véhicules standards de 12 mètres, sans guidage optique ni aménagements spécifiques comme cela est prévu pour les véhicules de la Ligne 2. L’exploitation de trolleybus classiques sur cette ligne est d’autant plus intéressante que le même mode technologique sera en service sur la Ligne 2 : optimisation des moyens et des compétences.).
> La Ligne 121 doit donc retrouver des trolleybus et garder son terminus à République, voire être prolongée jusqu’au Point Central (et seulement jusque là) en profitant des infrastructures électriques et du site propre de la Ligne 2. Associée à une amélioration de ses cadences, ces mesures lui permettront d’être attractive et de voir le projet de P+R à La Sapinière se réaliser.
> Le Point Central doit continuer à être desservi par les lignes de bus, qui pourront profiter des aménagements en site propre de la Ligne 2 sur la traversée du centre-ville, ce qui les rendra encore plus attractives grâce à l’amélioration de leur vitesse commerciale pouvant être obtenue de cette manière.
6) Enfin, la question de la compatibilité et de l’articulation de la Ligne 2 avec les autres lignes de TCSP n’est pas beaucoup abordée lors de cette enquête publique, alors même que l’on prévoit à moyen terme de doter la Ligne 1 d’un nouveau véhicule plus capacitaire que celui actuellement en service, que la Ligne 3 devrait, d’après le Grand Nancy partager ce même véhicule, et que l’on parle d’une Ligne 4 sous forme de tram-train. Ces dimensions doivent être prises en compte dans le projet de Ligne 2 qui, bien qu’il soit prioritaire tant il est urgent que cette seconde ligne voit le jour, ne doit pas masquer l’intérêt et l’impératif de ces autres projets (et particulièrement le renouvellement de la Ligne 1 qui devra être opéré à court terme).
Conclusion :
Globalement le projet de Ligne 2 tel que présenté aujourd’hui lors de cette enquête publique semble pouvoir répondre au besoin urgent de concrétisation d’un axe nord/sud sous forme de TCSP primordial à la cohérence et à l’attractivité du réseau de transport.
Sa réalisation est nécessaire et importante tant pour l’amélioration de la mobilité sur l’agglomération que pour les effets positifs sur le renouvellement urbain qu’un tel chantier peut impulser.
Le projet doit également être l’occasion d’engager un retour définitif du mode trolleybus sur la ligne 121 après les déboires avec Ansaldo Breda. La création d’un P+R à La Sapinière associé à sa desserte par des trolleybus de la ligne 121 doit être complémentaire et associé au projet de Ligne 2.
PS : j'ai rédigé
un billet sur le blog sur l'enquête publique, forcément il est un peu plus complet (mais aussi un peu plus partial) que ma contribution à l'enquête publique