Notre-Dame-des-Landes : un tram-train de moins en moins désiré
L'évidence d'une desserte en tram-train de Notre-Dame-des-Landes où doit être construit le nouvel aéroport de Nantes s'estompe au sein des collectivités. Seul, le conseil régional des Pays de la Loire réitère son indéfectible soutien à cet équipement, jusque-là présenté comme consubstantiel à la future plate-forme.La décision officielle sera prise au début de l’année 2013, une fois les dernières études analysées. Mais sans attendre, Nantes Métropole et le conseil général de Loire-Atlantique affichent leur scepticisme dans un courrier commun tout récent.
Selon les projections de trafic, moins de 1500 usagers et salariés de la plate-forme monteront chaque jour dans les rames au départ de Nantes. En y incluant les habitants de l’agglomération dans le cadre de leur mobilité quotidienne, le total reste en deçà des 8 000 passagers.
150 millions d’euros pour 17 km de rails Outre un déficit prévisible d’exploitation, le montant du chantier avoisinerait désormais les 150 millions d’euros pour 17 km de rails, une facture gonflée notamment par la réalisation de trois ouvrages d’art.
A comparer aux 203 millions dépensés pour la réouverture, également par tram-train, de la ligne Nantes-Châteaubriant (64 km) sur laquelle se brancherait cet appendice à destination de Notre-Dame-des-Landes.
Il emprunterait pour partie une ancienne voie ferrée transformée en sentier de randonnée dont certaines portions, enserrées dans le tissu périurbain, compliquent le choix du tracé.
Patrick Mareschal, l’ancien président (PS) du conseil général, avait déjà exprimé son désaccord sur le sujet en 2010. Son successeur Philippe Grosvalet lui emboîte donc le pas.
Autorité organisatrice de transports compétente, sa collectivité lui préfère un service de bus cadencé, en partie sur site propre, articulé avec le réseau de la communauté urbaine. Un projet beaucoup moins onéreux.
Peu en phase avec les attentes des élus du secteur, cette solution doit néanmoins être expérimentée dès la rentrée 2013 en prévision des marchés de transports publics qui arrivent à échéance en septembre 2015.
« Attendons de connaître le résultat des études », prévient Gilles Bontemps, vice-président du conseil régional. Sans vouloir en dire davantage, l’élu évoque de « bonnes surprises » en termes d’exploitation.
Surtout, il rappelle l’engagement des trois collectivités auprès de la population à respecter les orientations issues de l’enquête publique en 2007, préalable à la DUP.
La liaison ferroviaire figure en effet parmi les recommandations de la commission, laquelle « prend acte » alors de son achèvement « à l’ouverture » de l’aéroport.
En 2010, l’Etat, maître d’ouvrage de Notre-Dame-des-Landes, lui confère même un statut intouchable. « C’est maintenant aux autorités régionales, départementales et communautaires porteuses du projet tram-train de faire le nécessaire », affirme le ministre des Transports Jean-Louis Borloo.
Livraison pour… 2035Dans les couloirs de l’assemblée départementale, on souligne que les fonds économisés seront fort utiles pour la future LGV Nantes-Rennes via Notre-Dame-des-Landes, également soulignée par la commission d’enquête publique.
Si le débat public est prévu à l’été 2013, sa livraison n’est pas attendue avant… 2035.
« Les deux dossiers ne s’opposent pas, ils sont complémentaires, plaide Gilles Bontemps. Et si on ne fait pas le tram-train aujourd’hui, le site ne disposera pas de raccordement ferroviaire avant 20 ans. Ce serait aller à l’inverse du mouvement qui se dessine en France et en Europe. »
Le débat présente aussi une dimension politique : si la région se dit prête à assumer l’essentiel du coût, le département n’est pas forcément d’accord cependant pour lui laisser le leadership sur ce dossier à la veille de l’acte III de la décentralisation.
« Défaut congénital »Le risque serait pourtant de reproduire le « défaut congénital » de Nantes Atlantique, l’actuel aéroport de la métropole, livré aux seules voitures alors qu’existe une voie ferrée à quelques centaines de mètres du tarmac.
Quoiqu’il en soit, une mise en service concomitante des deux infrastructures est d’ores et déjà compromise : si l’option du tram-train s’impose dans quelques mois, il ne sera pas opérationnel avant 2020, soit deux à trois ans après l’ouverture théorique de Notre-Dame-des-Landes.