La voie ferrée fait causer
La résidence La Baline a été construite juste au-dessus de la sortie du tunnel d'Oloron, sur la voie ferrée Pau-Canfranc.
L' année 2011 n'a jamais donné autant d'espoirs aux défenseurs de ligne ferroviaire Pau-Canfranc. Ces derniers ont su se féliciter à travers des communiqués de l'avancée du dossier. Mais on a moins entendu les riverains de cette ligne, qui montre aujourd'hui quelques inquiétudes. Voire de la colère…
« Je pense que dans un pays qui est en déficit de tous les côtés, on se lance dans des travaux dont on ne connaît pas la rentabilité », peste ce propriétaire d'un appartement du rez-de-chaussée de la résidence oloronaise La Baline qui préfère garder l'anonymat. Quand le train Oloron-Bedous repassera, ce sera juste sous ses fenêtres. En effet, la résidence a été construite près du trinquet Guynemer et juste au-dessus du tunnel ferroviaire, à la sortie de l'ouvrage souterrain qui s'ouvre peu après le cinéma Le Luxor. « Je pense que s'ils avaient voulu faire un train touristique comme le train jaune de Perpignan, ça aurait pu être intéressant mais là on nous parle de ferroutage », peste-t-il. ce que confirme son épouse : « C'est une aberration ! » Tous deux habitent un appartement coquet, dans un havre de tranquillité.
Quatre allers-retours Ils l'ont acheté pour y couler une retraite paisible. La perspective de voir des trains sur la voie ferrée sur laquelle donne leur véranda ne les réjouit pas. Même si le couple sait que cette ligne ne sera pas surexploitée. La lettre de Réseau ferré de France sur « la reprise des circulations ferroviaires entre Oloron et Bedous » précise que « les services TER prévus comprennent quatre allers-retours par jour entre Oloron et Bedous plus deux allers-retours supplémentaires entre Oloron et Bidos où se situerait une nouvelle halte, à proximité de l'usine Messier Dowty Bugatti ». « Ce n'est pas tellement pour la gêne, c'est pour la situation du pays », insiste le couple qui dit pourtant : « Quand on a acheté, on nous a certifié que le train n'allait pas repasser ! » Leurs voisins du rez-de-chaussée, Jean-Pierre Narbeburu et son épouse, ne sont pas encore résidents permanents. Pour les trouver, il faut se rendre au quartier Cambeilhou-d'Esquiule, à six kilomètres sur les hauteurs du village. La vue imprenable en séduirait plus d'un. « Mais nous ne sommes plus que tous les deux, loin de tout. Alors, on a acheté cet appartement en prévision de nos vieux jours », sourit Jean-Pierre Narbeburu qui, dans deux mois, fêtera ses 84 ans !
Bien sûr, ces retraités basques savaient que la voie ferrée était sous leurs yeux. « On se disait que le train ne passerait jamais. D'ailleurs, il ne passe pas encore », affirme Jean-Pierre Narbeburu.
Maire de Bidos, André Paillas se veut plus pragmatique. L'arrêt pour Messier, c'est lui qui l'a demandé. « Maintenant, s'il doit aller jusqu'à Bedous, ce n'est pas un problème. Mais il faudrait privilégier tout ce qui est sécurité et protection des riverains, avec des murs antibruit par exemple, parce que le train va passer dans une zone totalement urbanisée », espère-t-il.
Une pétition pour dire non Le plus virulent de tous est Georges Manaut à Gurmençon. Il a racheté la maison d'une ancienne garde-barrière. Il est donc à l'origine d'une pétition pour dire non à cette réouverture. « Non au financement par les seuls contribuables aquitains, non à l'insécurité des riverains qui ont eu l'autorisation de construire le long de la voie ferrée ».
Georges Manaut, qui a construit son abri à bois à même la voie ferrée, revendique plus de cinquante signatures. Mais il n'a pas obtenu celle de Gilbert Loustau qui a acheté l'ancienne gare de Gurmençon, quelques mètres en aval. « Je travaille à la SNCF et c'est sur un coup de cœur que j'ai acheté ce bâtiment. Et je savais que le train allait repasser. » À la retraite dans quelques mois, Gilbert Loustau sourit : « C'est une folie de M. Rousset mais quand ils ont fait cette ligne c'était déjà une folie de Louis Barthou ! »