Clement Wrote:Quand je vois que cette prime sert aux automobilistes à acheter des grosses voitures genre SUV, je me demande comment on peut trouver cette prime "écologique". C'est la magie du marketing. Quand je vois qu'elle sert à un jeune pour échanger sa 206 contre une BMW, j'appelle ça jeter l'argent par les fenêtres.
Bah si tu remplaces une vieille 206 ultra polluante (même avec une motorisation essence) par un véhicule répondant aux critères d'attribution de la prime à la conversion (rejets de moins de 130g de CO2, vignette Crit'air 1 ou 2), tu gagnes au change en matière d'émissions polluantes, même si ce nouveau véhicule est un SUV ou une BMW... Le dispositif pourrait être néanmoins amélioré en prenant en compte d'autres polluants que le CO2...
Mais c'est vrai que la construction de voitures neuves (au passage bardées de gadgets et irréparables simplement) ne pollue pas en France vu que (quasi-)toute l'industrie est délocalisée et que les voitures (la plupart du temps en état de marche) jetées sont des déchets qu'on envoie ailleurs.
On navigue à la fois en plein dans les clichés et dans les théories anti-automobiles primaires...
- gadgets : encore une fois, tu nous ressors ton discours rétrograde ("mieux vaut une ligne en block manuel antédiluvien avec présence humaine qu'une ligne télécommandée avec signalistion moderne"). Si l'automobile n'avait pas évolué, nous en serions toujours à la 2CV, c'est à dire un véhicule très peu performant, polluant (au regard de ses performances modestes) et dangereux (sécurité active/passive par rapport aux véhicules d'aujourd'hui)
- délocalisations : oui, Renault et PSA produisent moins en France que dans les années 80, mais entre temps, ces entreprises se sont métamorphosées en passant du rang de petits constructeurs franco-français à celui d'entreprises de rang mondial (surtout Renault, nouveau numéro 1 mondial du secteur dans le cadre de son alliance avec Nissan et Mitsubishi).
- déchets : c'est un problème qui ne concerne de loin pas que l'automobile. Et tu sembles ignorer que beaucoup de voitures en état de marche sont revendues sur des marchés au pouvoir d'achat plus faible que la France (pays d'Europe de l'Est, Maghreb...). Un peu comme les X72500 revendus en Roumanie, mais dans une proportion bien plus importante.
Donc oui l'Etat ferait mieux de développer le transport ferroviaire que de maintenir les français dans leur dépendance automobile.
On peut développer le transport ferroviaire sans vouloir à tout prix saigner l'automobiliste, ennemi juré de l'écologiste français. J'y reviens ci-après. L'Allemagne a une industrie automobile encore plus puissante que la France, mais le train s'y porte globalement mieux, même dans les territoires ruraux. Cherche l'erreur.
Et on attend quoi pour la faire ? Le lobby routier fait juste pression pour qu'elle ne réapparaisse pas.
Pour une fois nous sommes d'accord...
Quant aux prix des carburants, ils sont encore trop bas. Il n'y a que leur augmentation qui permettra de freiner drastiquement l'usage de la voiture (puisque quand on réduit sa place, ce qui est beaucoup plus égalitaire, le lobby crie au scandale). 2€ serait un bon niveau pour commencer le sevrage. Cela tombe bien c'est la trajectoire en cours.
Parce que tu crois que c'est en faisant de l'écologie punitive que les thèses écologistes vont imprimer dans l'esprit des Français ? Il ne ne t'arrive jamais de te demander pourquoi l'écologie politique (que tu sembles soutenir au vu de tes propos) est si insignifiante en France ? Peut-être faudrait-il changer d'approche ?
L'augmentation des prix des carburants touche de plein fouet les ménages les plus modestes et les classes moyennes. Ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler parce qu'ils habitent à la campagne et qui ne seraient pas amusés de doubler leur temps de trajet en prenant les transports en commun (même avec le réseau ferroviaire le plus développé possible, dans bien des cas, la voiture restera plus convenable pour des trajets de porte à porte). Ceux qui travaillent en horaires décalés et qui n'ont tout simplement pas la possibilité d'utiliser les transports en commun. Exemples parmi d'autres.
Pour donner ma réponse à la question que je t'ai posée précédemment, et en lien avec cette problématique du prix des carburants, si l'écologie politique n'imprime pas en France, c'est parce qu'elle ne se base quasiment que sur des thèses punitives. Plutôt que de soutenir l'articulation entre tous les modes de transport en y incluant la voiture individuelle, elle préfère désigner cette dernière comme le mal absolu, l'ennemi à abattre. Dans un pays où la culture automobile a toujours été très forte, ce combat est perdu d'avance. Taper dans le portefeuille de l'automobiliste ou lui mettre le couteau sous la gorge ne sont pas les méthodes les plus efficaces pour le mettre dans un train. Il faut avant tout renforcer l'attractivité de ce dernier :
- augmentation des fréquences, permise par une exploitation moins coûteuse : EAS sur les lignes périurbaines, signalisation moderne, polyvalence du personnel (exemple des CFTA en Bretagne)...
- construction de parkings relais gratuits pour les détenteurs d'un billet de train ou d'un abonnement, afin de faciliter "l'accès au train"
- tarifications intermodales avantageuses, entre les TER et les réseaux urbains