Suite à l'annonce récente de la reprise de trois lignes IC par la Région Nouvelle Aquitaine, dont Bordeaux - Limoges, on en conclut les choses suivantes.
Tchouks Wrote:La liaison directe Lyon - Bordeaux est définitivement enterrée. Des nouveaux sillons avaient été étudiés pour 2017, avec aller-retour dans la journée de la même rame.
Les négociations entre Etat et Régions n'ont pas abouti à la reprise de la desserte. Donc au final, l'accord ne prévoit que le transfert du segment Bordeaux - Limoges, la suite vers Lyon étant définitivement abandonné. Qu'on se le dise une bonne fois pour toute !
La SNCF a très certainement laissé faire avec sa bénédiction, sachant que dans le même temps, le TGV Bordeaux - Lyon via Montpellier passe lui aussi à la trappe : la mesure est effective dans 10 jours. L'aérien a de beaux jours devant lui entre Bordeaux et Lyon... et l'autoroute pour tous les autres trajets...
Concernant spécifiquement cette liaison Lyon - Bordeaux, je dirais même qu'en fait la situation est durablement bloquée sur le plan ferroviaire.
En 2017 il y aura trois itinéraires techniquement possibles :
- le premier, historique, par Périgueux, Limoges, Montluçon et Roanne,
- le deuxième, s'appuyant largement sur le réseau classique principal, via Toulouse et Montpellier,
- le troisième, s'appuyant exclusivement sur les LGV, via Massy-TGV.
En voiture d'une gare à l'autre, Mappy donne 5h22 pour 553,3 km, avec 49,30 € de péage.
En car, l'offre actuelle la plus rapide propose 7h15 : c'est Ouibus, sachant que Flixbus affiche 7h30.
En avion, c'est 1h10 de vol, temps auquel il vaut ajouter environ 1 h à chaque bout pour la liaison avec le centre-ville et l'enregistrement/récupération des bagages. Donc disons entre 3h et 3h30 nets.
Si on regarde ce que donne les trois alternatives ferroviaires.
- La solution par Montluçon fera au mieux jeu égal avec le car en temps de parcours, et sera très loin derrière la voiture. Tout en étant plus cher à exploiter que le car, pour un potentiel de voyageurs qui ne sera jamais énorme en regard du temps de parcours, et des besoins réels de déplacement entre les deux villes.
- La solution par Montpellier est proposée jusqu'en 2016 en 6h22 sans changement. Soit 1 h de moins que la voiture et environ 1 h de plus que le car. Mais le détour kilométrique se paie, la grande vitesse de Nîmes à Lyon aussi, avec un coût d'exploitation supérieur à l'autorail via Montluçon, et forcément aussi un billet plus cher.
- La solution par Massy, techniquement possible dans 7 mois, permettrait de descendre largement en-dessous de 5 h de parcours. Mieux que la voiture, mais toujours largement au-dessus de l'avion, pour un coût d'exploitation très élevé, et donc un prix pour le voyageur qui ne serait pas forcément moindre que l'avion.
Côté remplissage des trains, pour les deux premières solutions, le cabotage permet de remplir le train, certes, mais attention aux longs parcours terminaux où le train serait trop vite (cas de Bordeaux - Toulouse sur l'itinéraire via Montpellier). Via Massy en revanche, où il pourrait n'y avoir qu'un seul arrêt, ça ne vaut pas si on veut viser un temps de parcours optimal.
Bilan de tout ça :
- un voyage via Montluçon long, où le module autorail est certainement trop capacitaire par rapport au car pour un voyage de plus de 7 h,
- un voyage via Massy plus rapide que la voiture mais très cher, certainement plus que l'avion malgré environ 1 h de parcours en plus, où le module TGV Duplex est certainement trop capacitaire,
- un voyage via Montpellier plus cher que la voiture mais moins rapide, donc forcément d'un intérêt limité.
Donc la conclusion, c'est que je comprends tout à fait l'Etat qui ne conventionne pas de train via Montluçon, et la SNCF qui ne veut plus de TGV entre les deux villes : avec le matériel disponible et le réseau existant, le train n'est malheureusement plus pertinent pour aller de Lyon à Bordeaux.
Entre l'avion, la voiture et le car, il y a des solutions pour tout le monde, même ceux qui ne sont pas motorisés, ont peu d'argent ou peur de l'avion. Et au pire, le train peut encore faire moyennant une correspondance en route, pour les derniers irréductibles qui sont prêts à payer plus cher et passer plus de temps pour avoir le confort du train.
Je pense qu'en ces termes la messe est dite, et en tant que fervent défenseur du rail je suis bien le premier désolé de cette situation...
Jérôme