Salut !
tram21 Wrote:la priorité affichée au "tout TGV" a bel et bien asséché les fonds disponibles pour le réseau ferré classique... qui n'a eu que les miettes !
Je suis pas d'accord avec ton analyse, tram. Les années les "fastes" en matière d'investissement GV, la part affectée au réseau classique (matériel et infra) a dû tomber à 55%. C'était au début des années 90, lorsque 3 LGV ont été construites quasi-simultanément (LGV Rh-A, Nord Europe et Interco en IdF). La SNCF a présenté ces trois projets au gvt Chirac (c'était lors de la première cohabitation), espérant obtenir le feu vert pour au moins l'un des trois, éventuellement deux. Le PM posa la question "les trois projets vous intéressent ?" [oui...] La réponse finale du pdt fut "et bien réalisez-les tous les trois". La direction de l'entreprise a péché par optimisme (dans les prévisions de trafic du TGV Nord notamment, pour le volet international), c'est une évidence, dans un contexte où l'Etat de toute manière ne contribuerait pas au financement de la GV (la seule exception fut le TGV A, à hauteur de 30% du volet infra). La suite est connue : coûts qui dérapent sur la LGV Nord (construite dans l'urgence), taux d'intérêt au plus haut, récession de 93, ratés majeurs de SOCRATE et politique commerciale élitiste sur le TGV Nord [c'était du temps de J2M à GL] puis négociations scélérates Etat-SNCF sur le contrat de plan, réformes des retraites et le mouvement social de grande ampleur qui a suivi).
Il y a toujours eu des investissements sur le réseau classique, en particulier sur le principal (sur certaines lignes régionales, la disette était de mise, mais cela était une situation [critiquable] ancienne en fait, reconduite au fil des années et sans perspective d'amélioration en l'absence d'aide de l'Etat ou/et des collectivités, ce qu'a permis la régionalisation, via les CPER notamment [de manière bien timide au début, l'essentiel allant à la route]). Nombre de modernisations (la plupart pas au rabais) ont été faites dans le contexte de l'arrivée du TGV : Lyon-Grenoble/Chambéry, Rennes-Brest et Rennes-Quimper + bouclage Savenay-Redon, Calais-Boulogne, vallées vosgiennes... Et d'autres le furent sans rapport direct avec le TGV, alors que la construction des LGV avait commencé depuis longtemps : étoile d'Angers, étoile de Plaisir (en plusieurs phases), VMI, RER E, aménagement de la Plaine d'Alsace (BAL + V200 + IPCS + évitements fret) etc. On pourrait rajouter des opérations plus anciennes, telles Montauban-Bordeaux et Narbonne-Port Bou (le TGV SE a été mis en service au même moment). Si les LGV n'avaient pas été réalisées, il est probable que le niveau d'investissement dans le réseau classique serait resté plus élevé mais les opérations se seraient certainement concentrées sur les grandes radiales dédoublées par les LGV, et sans déboucher sur les mêmes résultats en termes d'évolution du trafic. L'Etat aurait-il d'ailleurs autorisé la SNCF a investir les mêmes montants, en s'endettant, pour des perspectives de retour sur investissement plus faibles ? Le TGV a eu des effets pervers (qu'il faut dénoncer et essayer d'enrayer) mais il a aussi redonné foi aux politiques français dans le chemin de fer en transport de voyageurs hors IdF, ce que beaucoup ont tendance à oublier.
Opposer GV et réseau classique pour les investissements passés est un bien mauvais procès à faire au chemin de fer en France. On peut déplorer l'insuffisance des investissements (je suis d'accord sur cette analyse, que je fais mienne depuis longtemps) mais ce n'est pas parce qu'un président de la SNCF "hurle" avec les loups en parlant de "fin du tout TGV" que ce dernier a forcément raison (sur la réalité même du "tout TGV"). Il va dans le sens du vent médiatique, c'est tout (on a l'habitude dans le cas présent). Le creux des investissements sur le réseau classique a été atteint à la charnière des années 2000, c'est ce qui explique pour une bonne part les soucis rencontrés aujourd'hui sur le réseau principal. Les faits sont têtus...
Christian