[Politique] Financement des syndicats

Le Forum des passionnés de rail et de caténaires...

Modérateurs: jerome, Dorfmeister, Terroir, kyah117, Tchouks

Règles du forum
Avant de poster un message, merci de lire la charte d'utilisation des forums. Vous pouvez aussi consulter les mentions légales de Lineoz.net.

En cas de problème sur un sujet, merci d'alerter l'équipe de modération en cliquant sur le point d'exclamation du message souhaité.

[Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 14 Fév 2012 21:17

Lyon Capitale, janvier 2012
Financement des syndicats – Extraits des auditions de la commission parlementaire

EXCLUSIF - Le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le financement des syndicats a été enterré. Lyon Capitale publie ici des extraits de l’audition de deux anciens responsables de comité d’entreprise de la SNCF par la commission. Leurs révélations sont accablantes.

Richard Mallié [président de la commission d’enquête] : Nous allons entendre M. Philippe Chabin.

Philippe Chabin (ancien secrétaire du comité d’établissement Clientèle de la SNCF à Paris) : Pour ce qui me concerne, j’ai observé en 2005, à la fin de mon deuxième mandat, une anomalie, que j’avais remarquée depuis 2001 : une partie de la dotation sociale, qui aurait dû revenir au CE que je dirigeais, ne lui revenait pas. La direction de la SNCF, que j’ai interrogée, m’a renvoyé vers ma fédération syndicale, où l’on me répond depuis 2001 que “ce n’est pas le moment de parler de ça” ou que, “camarade, il y a des enjeux qui vous dépassent” – phrase symbolique fréquemment entendue. La SNCF compte 26 CE, dont 25 gérés par la CGT. La structure est très cloisonnée et, lors des réunions trimestrielles, il était impossible d’aborder certains sujets et nous restions confrontés à nos problèmes. J’ai cependant persévéré et, fin 2005, j’ai fait état, dans un document distribué à tous les cheminots, de ce problème de dotation sociale, indiquant qu’il convenait de récupérer ces sommes, qui représentent 200 000 euros par an sur les six ans d’existence du CE. J’ai alors été mis à l’écart. On m’a fait comprendre que deux mandats suffisaient – même si certains dirigeants de la CGT en accomplissaient bien plus – et j’ai été écarté des listes électorales.

(...)

Dans le cadre de mon mandat de secrétaire, j’avais identifié très rapidement certains fonctionnements anormaux. Certaines activités organisées sur des financements tirés de la dotation n’étaient même pas offertes aux ressortissants, mais réservées à certains élus, qui pouvaient participer au marathon de New York ou de Chicago. En 1998, par exemple, un dirigeant de la SNCF sollicité pour compléter une de ces activités a offert, au titre des bonnes relations avec les organisations syndicales, une somme de 100 000 francs prise sur le budget de formation de la SNCF.

Richard Mallié : Que pensez-vous du financement public des syndicats ?

Willy Pasche (salarié du comité d’établissement SNCF de Lyon) : (...) La police judiciaire a découvert que les syndicats se partagent chaque année 340 000 euros de formation avec des factures fictives.

Phillipe Chabin : Il y avait au comité d’établissement de la région de Lyon un pacte aux termes duquel, à l’initiative de la CGT, les huit organisations syndicales se partageaient depuis 1995 les deux tiers de la dotation totale de fonctionnement en fonction de leurs résultats électoraux, soit 140 000 euros par an pour la CGT. Tout le monde se partage les miettes du gâteau, y compris SUD.

Willy Pasche : Les responsables n’étant pas responsables personnellement – car c’est le syndicat qui est attaqué –, ils continuent (...) Ce système – notamment de fausses factures – qui dure depuis vingt ans, se poursuit.

Nicolas Perruchot [rapporteur] : Peut-on penser que M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a connaissance de ces pratiques ?

Philippe Chabin : Oui. M. Thibault est directement impliqué, car il était cheminot et son épouse travaillait au comité central d’entreprise (CCE). L’un des contrôleurs de gestion qui avait communiqué des éléments à la presse a été licencié sur un témoignage précis de Mme Thibault. On peut aussi évoquer le népotisme : j’ai appris dernièrement que le fils de M. Thibault a été également embauché au CCE. Il est donc forcément au courant de la situation. En tant que responsable de la CGT, les salariés harcelés l’ont saisi, mais il n’a jamais daigné répondre.

Nicolas Perruchot : Les financements invisibles, comme les rétrocessions, donnent-ils lieu à enrichissement personnel ?

Philippe Chabin : Je ne dispose d’aucun élément en ce sens. Au comité de région de Lyon, par exemple, on organisait des apéritifs ou on louait des voitures. Aujourd’hui, les détournements au CCE représentent 800 000 euros de fausses factures, avec un préjudice chiffré à 350 000 euros : je suis persuadé qu’il y a de l’enrichissement personnel. La personne qui s’est accusée n’a même pas été licenciée du CE pour faute lourde, mais pour faute grave uniquement. Quant à savoir où va l’argent, il est impossible de le savoir.

Quand les prestataires “frères” prennent de la pub

Philippe Chabin : Je vais maintenant exposer la manière dont la fédération CGT ponctionne – sans d’ailleurs que ce soit forcément illégal – la dotation sociale des comités d’établissement (...) Une fois par an ou tous les deux ans, une conférence des secrétaires de CE se tient à Montreuil, avec un mini-salon des “prestataires frères” et des “prestataires amis”. La Tribune des cheminots, journal adressé à l’ensemble des syndiqués, comporte des pages de publicité, par exemple pour une compagnie d’assurances ou pour le groupe Secafi. Ce dernier, “prestataire frère” a été créé par des dirigeants de la CGT et du Parti communiste français et phagocyte la totalité de l’expertise comptable dans les comités d’établissement de la SNCF ainsi que, par le biais d’une myriade de filiales, tous les aspects de l’expertise. Les dirigeants de ce groupe assistaient directement aux réunions de secrétaires de CE. Lorsque j’ai dû me séparer d’un expert-comptable incompétent qui appartenait à Adexi Étoile, unefiliale de ce groupe, le responsable du secteur CE-CCE m’a fait part de sa surprise et m’a indiqué qu’en cas de problème avec Secafi, c’était à lui que je devais en référer.

Richard Mallié : Comment savez-vous qui sont les “frères” et qui sont les “amis” ? Cela est indiqué sur la page de publicité ?

Philippe Chabin : Cela se sait. Le cirque Pinder, par exemple, qui est prestataire pour l’arbre de Noël des 8 ou 9 CE parisiens deux années sur trois – ce qui représente 45 000 à 50 000 places de spectacles – fait généreusement de la publicité dans le journal de la CGT.

J’ai un jour reçu la visite du commercial d’un prestataire qui nous fournissait des jouets et qui nous donnait satisfaction. Il m’a indiqué qu’il quittait la société et souhaitait “entrer dans le circuit”. Devant ma surprise, il m’a indiqué qu’une rétrocesssion de 5 à 10 % du chiffre d’affaires global réalisé avec les 26 CE de la SNCF était opérée sous forme de publicité dans les journaux de la CGT. (...)

Je souligne que le groupe Secafi certifie également les comptes du groupe SNCF et qu’il est souvent chargé d’expertises dans le cadre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Ces expertises étant facturées de 45 000 à 50 000 euros, c’est un moyen de “fluidifier les relations sociales”. Bien que la direction de la SNCF ait la possibilité de dénoncer cette pratique devant le tribunal, elle ne le fait pas.

Des fausses factures de 400 000 à 500 000 euros

Philippe Chabin : M. Pasche a évoqué les détournements opérés au CCE. L’émission diffusée le vendredi 23 mai 2008 par France 3 dans le magazine Pièces à conviction a démontré l’existence de fausses factures au sein du CCE, pour un montant de 400 000 à 500 000 euros. Je vous remettrai le compte rendu de la réunion exceptionnelle du service comptabilité-finances du CCE du lundi 26 mai : la question n’était pas de vérifier si les informations relatives à des détournements étaient fondées, mais de virer ceux qui avaient remis des pièces comptables aux journalistes. De fait, toutes les personnes concernées ont été renvoyées peu après, ce qui s’est accompagné de condamnations pour harcèlement moral, pour lesquelles le CCE avait provisionné des sommes importantes sur la dotation des cheminots. Le 4 juin, dans une information au personnel, le ton avait changé : le directeur a déclaré qu’il y avait eu de fausses factures et qu’une plainte avait été déposée.

Au delà du contenu des auditions, on peut s'interroger sur les raisons qui ont poussé le pouvoir et les parlementaires a enterré ce dossier, mais aussi sur les motivations de ces fuites.
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar capelanbrest » 15 Fév 2012 6:15

Didier 74 Wrote:Lyon Capitale, janvier 2012
Financement des syndicats – Extraits des auditions de la commission parlementaire

EXCLUSIF - Le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le financement des syndicats a été enterré. Lyon Capitale publie ici des extraits de l’audition de deux anciens responsables de comité d’entreprise de la SNCF par la commission. Leurs révélations sont accablantes.

Richard Mallié [président de la commission d’enquête] : Nous allons entendre M. Philippe Chabin.

Philippe Chabin (ancien secrétaire du comité d’établissement Clientèle de la SNCF à Paris) : Pour ce qui me concerne, j’ai observé en 2005, à la fin de mon deuxième mandat, une anomalie, que j’avais remarquée depuis 2001 : une partie de la dotation sociale, qui aurait dû revenir au CE que je dirigeais, ne lui revenait pas. La direction de la SNCF, que j’ai interrogée, m’a renvoyé vers ma fédération syndicale, où l’on me répond depuis 2001 que “ce n’est pas le moment de parler de ça” ou que, “camarade, il y a des enjeux qui vous dépassent” – phrase symbolique fréquemment entendue. La SNCF compte 26 CE, dont 25 gérés par la CGT. La structure est très cloisonnée et, lors des réunions trimestrielles, il était impossible d’aborder certains sujets et nous restions confrontés à nos problèmes. J’ai cependant persévéré et, fin 2005, j’ai fait état, dans un document distribué à tous les cheminots, de ce problème de dotation sociale, indiquant qu’il convenait de récupérer ces sommes, qui représentent 200 000 euros par an sur les six ans d’existence du CE. J’ai alors été mis à l’écart. On m’a fait comprendre que deux mandats suffisaient – même si certains dirigeants de la CGT en accomplissaient bien plus – et j’ai été écarté des listes électorales.

(...)

Dans le cadre de mon mandat de secrétaire, j’avais identifié très rapidement certains fonctionnements anormaux. Certaines activités organisées sur des financements tirés de la dotation n’étaient même pas offertes aux ressortissants, mais réservées à certains élus, qui pouvaient participer au marathon de New York ou de Chicago. En 1998, par exemple, un dirigeant de la SNCF sollicité pour compléter une de ces activités a offert, au titre des bonnes relations avec les organisations syndicales, une somme de 100 000 francs prise sur le budget de formation de la SNCF.

Richard Mallié : Que pensez-vous du financement public des syndicats ?

Willy Pasche (salarié du comité d’établissement SNCF de Lyon) : (...) La police judiciaire a découvert que les syndicats se partagent chaque année 340 000 euros de formation avec des factures fictives.

Phillipe Chabin : Il y avait au comité d’établissement de la région de Lyon un pacte aux termes duquel, à l’initiative de la CGT, les huit organisations syndicales se partageaient depuis 1995 les deux tiers de la dotation totale de fonctionnement en fonction de leurs résultats électoraux, soit 140 000 euros par an pour la CGT. Tout le monde se partage les miettes du gâteau, y compris SUD.

Willy Pasche : Les responsables n’étant pas responsables personnellement – car c’est le syndicat qui est attaqué –, ils continuent (...) Ce système – notamment de fausses factures – qui dure depuis vingt ans, se poursuit.

Nicolas Perruchot [rapporteur] : Peut-on penser que M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a connaissance de ces pratiques ?

Philippe Chabin : Oui. M. Thibault est directement impliqué, car il était cheminot et son épouse travaillait au comité central d’entreprise (CCE). L’un des contrôleurs de gestion qui avait communiqué des éléments à la presse a été licencié sur un témoignage précis de Mme Thibault. On peut aussi évoquer le népotisme : j’ai appris dernièrement que le fils de M. Thibault a été également embauché au CCE. Il est donc forcément au courant de la situation. En tant que responsable de la CGT, les salariés harcelés l’ont saisi, mais il n’a jamais daigné répondre.

Nicolas Perruchot : Les financements invisibles, comme les rétrocessions, donnent-ils lieu à enrichissement personnel ?

Philippe Chabin : Je ne dispose d’aucun élément en ce sens. Au comité de région de Lyon, par exemple, on organisait des apéritifs ou on louait des voitures. Aujourd’hui, les détournements au CCE représentent 800 000 euros de fausses factures, avec un préjudice chiffré à 350 000 euros : je suis persuadé qu’il y a de l’enrichissement personnel. La personne qui s’est accusée n’a même pas été licenciée du CE pour faute lourde, mais pour faute grave uniquement. Quant à savoir où va l’argent, il est impossible de le savoir.

Quand les prestataires “frères” prennent de la pub

Philippe Chabin : Je vais maintenant exposer la manière dont la fédération CGT ponctionne – sans d’ailleurs que ce soit forcément illégal – la dotation sociale des comités d’établissement (...) Une fois par an ou tous les deux ans, une conférence des secrétaires de CE se tient à Montreuil, avec un mini-salon des “prestataires frères” et des “prestataires amis”. La Tribune des cheminots, journal adressé à l’ensemble des syndiqués, comporte des pages de publicité, par exemple pour une compagnie d’assurances ou pour le groupe Secafi. Ce dernier, “prestataire frère” a été créé par des dirigeants de la CGT et du Parti communiste français et phagocyte la totalité de l’expertise comptable dans les comités d’établissement de la SNCF ainsi que, par le biais d’une myriade de filiales, tous les aspects de l’expertise. Les dirigeants de ce groupe assistaient directement aux réunions de secrétaires de CE. Lorsque j’ai dû me séparer d’un expert-comptable incompétent qui appartenait à Adexi Étoile, unefiliale de ce groupe, le responsable du secteur CE-CCE m’a fait part de sa surprise et m’a indiqué qu’en cas de problème avec Secafi, c’était à lui que je devais en référer.

Richard Mallié : Comment savez-vous qui sont les “frères” et qui sont les “amis” ? Cela est indiqué sur la page de publicité ?

Philippe Chabin : Cela se sait. Le cirque Pinder, par exemple, qui est prestataire pour l’arbre de Noël des 8 ou 9 CE parisiens deux années sur trois – ce qui représente 45 000 à 50 000 places de spectacles – fait généreusement de la publicité dans le journal de la CGT.

J’ai un jour reçu la visite du commercial d’un prestataire qui nous fournissait des jouets et qui nous donnait satisfaction. Il m’a indiqué qu’il quittait la société et souhaitait “entrer dans le circuit”. Devant ma surprise, il m’a indiqué qu’une rétrocesssion de 5 à 10 % du chiffre d’affaires global réalisé avec les 26 CE de la SNCF était opérée sous forme de publicité dans les journaux de la CGT. (...)

Je souligne que le groupe Secafi certifie également les comptes du groupe SNCF et qu’il est souvent chargé d’expertises dans le cadre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Ces expertises étant facturées de 45 000 à 50 000 euros, c’est un moyen de “fluidifier les relations sociales”. Bien que la direction de la SNCF ait la possibilité de dénoncer cette pratique devant le tribunal, elle ne le fait pas.

Des fausses factures de 400 000 à 500 000 euros

Philippe Chabin : M. Pasche a évoqué les détournements opérés au CCE. L’émission diffusée le vendredi 23 mai 2008 par France 3 dans le magazine Pièces à conviction a démontré l’existence de fausses factures au sein du CCE, pour un montant de 400 000 à 500 000 euros. Je vous remettrai le compte rendu de la réunion exceptionnelle du service comptabilité-finances du CCE du lundi 26 mai : la question n’était pas de vérifier si les informations relatives à des détournements étaient fondées, mais de virer ceux qui avaient remis des pièces comptables aux journalistes. De fait, toutes les personnes concernées ont été renvoyées peu après, ce qui s’est accompagné de condamnations pour harcèlement moral, pour lesquelles le CCE avait provisionné des sommes importantes sur la dotation des cheminots. Le 4 juin, dans une information au personnel, le ton avait changé : le directeur a déclaré qu’il y avait eu de fausses factures et qu’une plainte avait été déposée.

Au delà du contenu des auditions, on peut s'interroger sur les raisons qui ont poussé le pouvoir et les parlementaires a enterré ce dossier, mais aussi sur les motivations de ces fuites.


Il y a sans doute des intérêts qui vous dépassent Didier, va t'on sans doute vous répondre pour reprendre l'expression consacrée..... ;)

On peut également s'étonner que des journaux style le canard enchainé ne se soient pas saisi de l'affaire.....voir la presse de droite....

Bref doit certainement y avoir des intérêts qui nous dépassent.... ;)

Je serais curieux de connaitre les réactions sur le forum cheminots connu de tous, si cet article y était publié... :idea:
Avatar de l’utilisateur
capelanbrest
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 2176
Inscription: 03 Juil 2011 12:29

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar motrice125 » 15 Fév 2012 7:27

Bonjour,

Il faut espèrer qu'après tout ce remue-ménage, il y aura des suites, sinon cela ne sert à rien et bonne continuation dans la magouille.
motrice125
Rang : Passéoz Hebdo
Rang : Passéoz Hebdo
 
Messages: 704
Inscription: 24 Oct 2008 7:13

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar 15063 » 15 Fév 2012 8:25

Mis à part les ultra-libéraux qui ne veulent pas de syndicats, à peu près tout le monde a essayé d'acheter la paix sociale. Les syndicats, eux, sont pris à la gorge en raison du faible nombre de cotisants. Ils sont donc dépendants financièrement, ce qui n'incite pas à la revendication et n'attire pas les salariés. Les syndicats assurent une mission de service public, l'information et la défense individuelle des salariés, ainsi que la cogestion de l'avancement et des mutations. Ils sont rémunérés pour cela grace à la déduction fiscale des cotisations.
Par contre, les règles concernant la mise à disposition de personnels, de locaux, le contrôle financier des CE, sont souvent transgressées. Les salariés ont tendance à croire que les services des syndicats sont gratuits et certains vont très loin dans ce domaine pour avoir des voix aux élections professionnelles. Les dites élections qui sont loin d'être des modèles de démocratie, surtout depuis la loi sur la représentativité syndicale. On aimerait bien qu'une commission parlementaire se penche sur les avantages électoraux de quelques grandes centrales (CGT, CFDT, FSU...) sans rapport avec le nombre de voix.
La presse ne peut rien faire sans déclencher l'hire des politiciens de tous bords et sous la menace de voir ses journaux bloqués à l'imprimerie ou non distribués par une puissante centrale syndicale du livre.
La tendance des parlementaires serait d'imiter la loi du financement des partis politiques, donc de légaliser le financement public des syndicats. Je ne suis pas du tout d'accord. Pour moi, le syndicalisme à un prix et sauf situation d'urgence, je demande aux gens qui veulent être défendus de prendre leur petite carte. C'est bien moins cher qu'un avocat.
15063
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 1764
Inscription: 08 Nov 2007 18:25
Localisation: Nord

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar motrice125 » 15 Fév 2012 9:52

Bonjour Le modèle allemand (tant critiqué dans l'hexagone ) est plus efficace,le 80 % les travailleurs sont syndiqués,donc mieux défendus et plus audibles...comment faire changer les mentalités et faire sauter les mauvaises habitudes ??
motrice125
Rang : Passéoz Hebdo
Rang : Passéoz Hebdo
 
Messages: 704
Inscription: 24 Oct 2008 7:13

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar IVAN » 15 Fév 2012 10:02

Ce qui est amusant, c'est que quand on tombe à bras raccourcis sur les syndicats, on ne parle jamais du "MERDEF"
Avatar de l’utilisateur
IVAN
Rang : Passéoz Hebdo
Rang : Passéoz Hebdo
 
Messages: 774
Inscription: 07 Sep 2006 20:05
Localisation: Entre Dole et Louhans (canton de Chaussin)

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Tib0138 » 15 Fév 2012 11:34

motrice125 Wrote:Bonjour Le modèle allemand (tant critiqué dans l'hexagone ) est plus efficace,le 80 % les travailleurs sont syndiqués,donc mieux défendus et plus audibles...comment faire changer les mentalités et faire sauter les mauvaises habitudes ??

Avant d'adhérer à un syndicat j'aimerai bien savoir qu'est ce qui fait que je serai mieux défendu par X ou par Y. Et le problème, c'est que mis à part envoyer des mails pour dire ce qui ne va pas, les syndicats ne font rien pour que l'on adhère chez eux. Pas de réunions publiques, très peu de visites sur le lieu de travail,...

D'autre part, vient également le fait que l'idée de faire appel à une autre organisation syndicale que celle qui est bien connue de tous, qui est majoritaire pratiquement dans toutes les entreprises, fait peur. C'est ça qui doit changer et qui bloque aujourd'hui.

Sans parler de toutes les magouilles faîtes par cette même organisation syndicale au détriment des employés de bas-niveau hiérarchique et qui sont connues de tous mais qui restent aujourd'hui un tabou auprès des politiciens.
Avatar de l’utilisateur
Tib0138
Rang : Passéoz Hebdo
Rang : Passéoz Hebdo
 
Messages: 979
Inscription: 09 Nov 2010 20:43
Localisation: Neuville-sur-Saône (69)

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar François » 15 Fév 2012 17:11

IVAN Wrote:Ce qui est amusant, c'est que quand on tombe à bras raccourcis sur les syndicats, on ne parle jamais du "MERDEF"


Il ne faut pas exagérer quand même, ils ont eu leurs lots de casseroles pendant quelques temps qui ont fait l'objet de unes dans tous les journaux... eux. Pour le coup, (et bien que je supporte pas ce syndicat de voyous patron), il est vrai que les problématiques - connues des initiés - du financements des syndicats salariés et de leurs organisations ne sont pas médiatisées. Il y a eu du ménage dans le financement des partis politiques, il conviendrait de faire également du ménage dans la gestion financière des syndicats. Juste en appliquant la loi (contrôle de gestion indépendant par exemple), ce serait déjà une révolution.
François
Rang : Passéoz Annuel
Rang : Passéoz Annuel
 
Messages: 4180
Inscription: 01 Oct 2008 17:55

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar capelanbrest » 15 Fév 2012 17:51

15063 Wrote:Mis à part les ultra-libéraux qui ne veulent pas de syndicats, à peu près tout le monde a essayé d'acheter la paix sociale. Les syndicats, eux, sont pris à la gorge en raison du faible nombre de cotisants. Ils sont donc dépendants financièrement, ce qui n'incite pas à la revendication et n'attire pas les salariés. Les syndicats assurent une mission de service public, l'information et la défense individuelle des salariés, ainsi que la cogestion de l'avancement et des mutations. Ils sont rémunérés pour cela grace à la déduction fiscale des cotisations.
Par contre, les règles concernant la mise à disposition de personnels, de locaux, le contrôle financier des CE, sont souvent transgressées. Les salariés ont tendance à croire que les services des syndicats sont gratuits et certains vont très loin dans ce domaine pour avoir des voix aux élections professionnelles. Les dites élections qui sont loin d'être des modèles de démocratie, surtout depuis la loi sur la représentativité syndicale. On aimerait bien qu'une commission parlementaire se penche sur les avantages électoraux de quelques grandes centrales (CGT, CFDT, FSU...) sans rapport avec le nombre de voix.
La presse ne peut rien faire sans déclencher l'hire des politiciens de tous bords et sous la menace de voir ses journaux bloqués à l'imprimerie ou non distribués par une puissante centrale syndicale du livre.
La tendance des parlementaires serait d'imiter la loi du financement des partis politiques, donc de légaliser le financement public des syndicats. Je ne suis pas du tout d'accord. Pour moi, le syndicalisme à un prix et sauf situation d'urgence, je demande aux gens qui veulent être défendus de prendre leur petite carte. C'est bien moins cher qu'un avocat.


Attention de ne pas généraliser ce qui ressort de la gestion des entreprises publiques(fonctions publiques) par exemple ou assimilées(SNCF)....
Dans une boite dite normale de taille normale qui n'est ni une PME de 49 salariés ni une méga entreprise, les syndicats ne gérent pas l'avancement et les mutations....!!
Tout au plus lorsque le climat social est bon sont ils consultés pour avis...Rapellons que dans 90% des entreprises de droit privé hors secteur para public, les salaires sont souvent individualisés, les mutations gérées au cas par cas et de gré à gré....quant aux promotions il en va de même....leurs rôles dans ces entreprises est d'avantage de participer au dialogue social définir les grille de salaires (enfin la fourchette) et les mieux disant par rapport aux conventions collectives....
Une fois encore leur avis est purement consultatifs !
Avatar de l’utilisateur
capelanbrest
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 2176
Inscription: 03 Juil 2011 12:29

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar 15063 » 15 Fév 2012 18:42

Tout à fait d'accord. Mon commentaire s'appliquait au secteur public et assimilé, vu le post de départ.
15063
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 1764
Inscription: 08 Nov 2007 18:25
Localisation: Nord

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 16 Fév 2012 19:04

capelanbrest Wrote:On peut également s'étonner que des journaux style le canard enchainé ne se soient pas saisi de l'affaire.....voir la presse de droite....

lepoint.fr, 16 février
Argent des syndicats : l'intégralité du rapport Perruchot

DOCUMENT. C'est le rapport que toute la classe politique veut enterrer. Le Point.fr le publie en intégralité.
"Le Point" publie le rapport intégral de Nicolas Perruchot sur les syndicats.

Le rapport Perruchot, du nom du député Nouveau Centre rapporteur de la commission d'enquête, a été enterré en novembre 2011 sans autre forme de procès. Officiellement, il ne pourra être publié que dans trente ans ! De larges extraits du rapport avaient déjà été édités dans Le Figaro. Le Point.fr vous le propose aujourd'hui dans son intégralité.

Le rapport visait à faire la lumière sur les finances encore très opaques des syndicats, tant ouvriers que patronaux. Son histoire n'est pas banale. Tout commence en 2007, lorsque Nicolas Perruchot, député du Loir-et-Cher connu pour avoir été le "tombeur" de Jack Lang à la mairie de Blois, propose la création d'une commission d'enquête. L'accueil est froid. Mais en 2010, le Nouveau Centre utilise le "droit de tirage", qui autorise chaque groupe parlementaire à réclamer la création d'une commission d'enquête pour rouvrir le débat.

Consternant
Tous les groupes, UMP, socialistes, Verts, se cabrent. L'Élysée aussi rechigne à chatouiller les centrales syndicales à quelques mois de la présidentielle. Mais la commission est quand même mise en place. Le rapport est rédigé. Sur les trente membres de la commission, seuls neuf participent au vote. Deux centristes votent pour, trois socialistes contre et quatre élus UMP s'abstiennent. Le rapport Perruchot, puisqu'il n'a pas été adopté, ne sera pas publié, fait rarissime pour la Ve République.

Le Point.fr, en le mettant en ligne, décide de rendre chacun juge de son contenu. Le rapport n'est pas d'une lecture facile. Il ressort tout de même que :

- Les syndicats patronaux, en dépit de leur opulence, "tapent" dans les fonds des organismes paritaires (Sécurité sociale, Unedic, formation...).

- Les syndicats ouvriers vivent aux crochets de l'État et des organismes paritaires.

- Le syndicat agricole dominant, la FNSEA, a un art éprouvé pour confondre fonds publics et militantisme.

Au total, le rapport Perruchot dresse, entre les lignes, un rapport consternant de la vie syndicale en France. À base de combines et de faux-semblants. Où l'État participe à un jeu de rôle avec des apparatchiks syndicaux qui ne représentent pas grand-chose. La France compte 8 % de syndiqués et huit "grands" syndicats. Qui ne courent pas derrière les militants et leurs cotisations tellement il est plus facile d'actionner d'autres pompes à fric (parmi lesquelles les comités d'entreprise des sociétés publiques).

Le rapport Perruchot http://www.lepoint2.com/pdf/rapport-perruchot.pdf
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar capelanbrest » 16 Fév 2012 19:23

Didier 74 Wrote:
capelanbrest Wrote:On peut également s'étonner que des journaux style le canard enchainé ne se soient pas saisi de l'affaire.....voir la presse de droite....

lepoint.fr, 16 février
Argent des syndicats : l'intégralité du rapport Perruchot

DOCUMENT. C'est le rapport que toute la classe politique veut enterrer. Le Point.fr le publie en intégralité.
"Le Point" publie le rapport intégral de Nicolas Perruchot sur les syndicats.

Le rapport Perruchot, du nom du député Nouveau Centre rapporteur de la commission d'enquête, a été enterré en novembre 2011 sans autre forme de procès. Officiellement, il ne pourra être publié que dans trente ans ! De larges extraits du rapport avaient déjà été édités dans Le Figaro. Le Point.fr vous le propose aujourd'hui dans son intégralité.

Le rapport visait à faire la lumière sur les finances encore très opaques des syndicats, tant ouvriers que patronaux. Son histoire n'est pas banale. Tout commence en 2007, lorsque Nicolas Perruchot, député du Loir-et-Cher connu pour avoir été le "tombeur" de Jack Lang à la mairie de Blois, propose la création d'une commission d'enquête. L'accueil est froid. Mais en 2010, le Nouveau Centre utilise le "droit de tirage", qui autorise chaque groupe parlementaire à réclamer la création d'une commission d'enquête pour rouvrir le débat.

Consternant
Tous les groupes, UMP, socialistes, Verts, se cabrent. L'Élysée aussi rechigne à chatouiller les centrales syndicales à quelques mois de la présidentielle. Mais la commission est quand même mise en place. Le rapport est rédigé. Sur les trente membres de la commission, seuls neuf participent au vote. Deux centristes votent pour, trois socialistes contre et quatre élus UMP s'abstiennent. Le rapport Perruchot, puisqu'il n'a pas été adopté, ne sera pas publié, fait rarissime pour la Ve République.

Le Point.fr, en le mettant en ligne, décide de rendre chacun juge de son contenu. Le rapport n'est pas d'une lecture facile. Il ressort tout de même que :

- Les syndicats patronaux, en dépit de leur opulence, "tapent" dans les fonds des organismes paritaires (Sécurité sociale, Unedic, formation...).

- Les syndicats ouvriers vivent aux crochets de l'État et des organismes paritaires.

- Le syndicat agricole dominant, la FNSEA, a un art éprouvé pour confondre fonds publics et militantisme.

Au total, le rapport Perruchot dresse, entre les lignes, un rapport consternant de la vie syndicale en France. À base de combines et de faux-semblants. Où l'État participe à un jeu de rôle avec des apparatchiks syndicaux qui ne représentent pas grand-chose. La France compte 8 % de syndiqués et huit "grands" syndicats. Qui ne courent pas derrière les militants et leurs cotisations tellement il est plus facile d'actionner d'autres pompes à fric (parmi lesquelles les comités d'entreprise des sociétés publiques).

Le rapport Perruchot http://www.lepoint2.com/pdf/rapport-perruchot.pdf


Eh bien en voila un qui ose... !
Bon ça reste Le Point...plutôt un hebdomadaire libéral...
Pas un mot dans Libé, le Canard et encore moins des médias TV...
Tout laisse à penser que le dossier est chaud et que tout le monde se tient par la barbichette...
Avatar de l’utilisateur
capelanbrest
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 2176
Inscription: 03 Juil 2011 12:29

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 16 Fév 2012 19:26

capelanbrest Wrote:Eh bien en voila un qui ose... !
Bon ça reste Le Point...plutôt un hebdomadaire libéral...
Pas un mot dans Libé, le Canard et encore moins des médias TV...
Tout laisse à penser que le dossier est chaud et que tout le monde se tient par la barbichette...

Ce sujet vient de faire l'ouverture du JT de 20 h sur France 2.
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar capelanbrest » 16 Fév 2012 19:47

Didier 74 Wrote:
capelanbrest Wrote:Eh bien en voila un qui ose... !
Bon ça reste Le Point...plutôt un hebdomadaire libéral...
Pas un mot dans Libé, le Canard et encore moins des médias TV...
Tout laisse à penser que le dossier est chaud et que tout le monde se tient par la barbichette...

Ce sujet vient de faire l'ouverture du TJ de 20h sur France 2.

Pas vu j'étais sur Arte...
Espérons que les médias vont en découdre et ne seront pas empêchés...
Avatar de l’utilisateur
capelanbrest
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 2176
Inscription: 03 Juil 2011 12:29

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 28 Juin 2013 20:22

Le Progrès, 26 juin
Il a dénoncé le scandale…

Agent SNCF depuis 1978, détaché au CER depuis 1986, Willy Pasche, 59 ans, fait partie des très rares salariés qui ont osé dénoncer les dysfonctionnements présumés dans la gestion du comité d’entreprise. « J’arrive à me demander s’il fallait le faire, tellement on subit de pressions et d’humiliations », dit cet homme au regard clair et lassé, qui a dû passer par un long arrêt maladie et s’estime aujourd’hui « placardisé », comme si on lui faisait payer la note de son intrépide dénonciation au cœur du syndicalisme. Une procédure pour harcèlement est encore en cours aux Prud’hommes. Il sera présent au procès, en espérant bien se constituer partie civile, assisté de son avocate, Fabienne Cayuela. « Je crois encore en la justice », dit-il sans vouloir céder à la « fatigue ».

Source http://www.leprogres.fr/actualite/2013/ ... e-scandale

lyonmag.com, 26 juin
Lyon : le procès de huit syndicats de la SNCF s’ouvre ce mercredi

Leur procès s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Lyon, après neuf ans de procédure.

C'est en tant que personnes morales que ces huit syndicats de cheminots seront jugés, pour "recel d'abus de confiance, faux et usage de faux". Les représentants légaux de la CGT, de l’Unsa, de Sud Rail, de la CFTC, de FO, de la Fédération générale autonome des agents de conduite et de la CFE/CGC.
La justice leur reproche de s'être servis du comité régional d'entreprise de la SNCF pour se financer, notamment via de fausses factures ou de fausses formations de salariés (alcool, tracts, repas, banderoles…). Ils auraient ponctionné les deux tiers du budget de fonctionnement du CER local et se les répartissaient ensuite entre syndicats. Des faits qui se seraient déroulés entre 2002 et 2006.
Ce qui a entraîné la fin de cette combine financière, c’est le dépôt de plainte de deux salariés du CER. Le procès doit durer jusqu’à vendredi.

Source http://www.lyonmag.com/article/55037/ly ... e-mercredi

rue89lyon.fr, 26 juin
Accusés de magouilles, huit syndicats de la SNCF devant la justice à Lyon

Willy Pasche en a fait l’affaire de sa vie. Ce mercredi démarre le procès de huit syndicats qu’il accuse de malversations réalisées au sein du comité d’établissement Rhône-Alpes de la SNCF. Pour cet employé toujours en poste à la SNCF, dénoncer les pratiques de ces syndicats qui piloteraient cette entité dans leur intérêt est devenu un chemin de croix.

Après des années de bataille, Willy Pasche voit enfin le bout du tunnel. Ou plutôt d’un bras de fer engagé il y a des années contre les syndicats de la SNCF. A partir de ce mercredi, huit d’entre eux comparaissent en effet devant le tribunal correctionnel de Lyon pour abus de confiance, faux et usage de faux. En 2004, avec une de ses collègues, ce salarié du comité d’établissement régional (CER) de la SNCF a déposé plainte pour dénoncer de possibles malversations qui s’y seraient déroulées. Quelques faits étranges, au sein des bureaux à Vénissieux, lui avaient mis la puce à l’oreille :

« J’étais responsable des actions sociales, des colonies de vacances, de l’achat du matériel… Donc je signais des chèques pour cela. Et un jour, j’ai découvert que des chèques avaient été faits à ma place, en imitant ma signature. Je le signale. Et là, on me reprend, on me change de bureau plusieurs fois. J’ai eu le droit à des pneus crevés, des pressions pour que je parte. »

Le CER aurait-il servi à financer les syndicats, par le biais de fausses factures et de formations fictives ?

Une situation financière catastrophique
Des ordinateurs achetés par le CE auraient alors été emportés dans des locaux syndicaux, des minibus destinés à des centres de loisirs étaient utilisés pour d’autres usages… Autant de pratiques étranges qui impliquent huit syndicats (CGT, Unsa, Sud Rail, CFTC, CFDT, FO, FGAAC et CFE-CGC), qui siègent au sein du CER, à la tête desquels se trouve la CGT. L’enquête montre que pendant des années (au moins entre 2002 et 2006), le comité d’entreprise ne se serait pas contenté de gérer l’action sociale du personnel. Mais aurait financé les huit syndicats en question, notamment par le biais de fausses factures de formation. Un point que réfute Bérenger Tourné, avocat du secteur cheminot de la CGT :

« Si on avait trouvé de l’enrichissement personnel d’élus, évidemment que ce serait de l’abus de confiance. On vient nous dire que cela a servi à financer des organisations syndicales. Mais pas du tout, il s’agissait de former les membres du secteur cheminot de la CGT. Par ailleurs, il ne s’agit pas du tout du budget destiné à l’action sociale mais du budget de fonctionnement. S’il ne sert pas à ça, à quoi sert-il ?»

L’enquête ouverte a décelé une situation financière des plus critiques. En effet, comme le révèle un article publié dans le mensuel de juin 2012 de Mag2Lyon, « le CER a accumulé 900000 euros de dettes et 900 000 euros de rappel de TVA ». Ce qui, selon Willy Pasche, a conduit à des réductions d’effectifs. De 161 employés en 2001, il n’en resterait que 84 cette année.

Même s’il se dit « fatigué », Willy Pasche ne regrette rien.

« La SNCF achète la paix sociale »
Face à cette situation, il cherche à avertir la direction de la SNCF :

« Assez rapidement, je vais alerter la direction et d’autres syndicats. Parce qu’au début je ne savais pas qu’il y a un accord et qu’ils étaient tous impliqués. On ne m’a pas soutenu. Pourtant en tant que co-présidente du CE, la direction de la SNCF se doit de surveiller les comptes. A partir de là, j’ai eu à la fois les 8 syndicats mais aussi la direction contre moi. »

Depuis, Willy Pasche a la sensation d’avoir été mis au placard :

« On s’acharne sur moi. Ce sont des choses insidieuses. Par exemple, on m’a muté dans un bureau dont je n’ai même pas la clé et dans lequel je ne peux donc pas entré. On ne me donne pas de travail. Et je reste à la vue de gens qui passent devant moi et me provoquent. Aujourd’hui je suis en procès contre le CE mais aussi contre la SNCF aux Prud’hommes. C’est intenable ! »

Ce manque de réaction de la SNCF, qui a pourtant financé à hauteur de 4,8 millions d’euros le CER en 2012 et pourrait donc s’inquiéter de ce que les syndicats en ont fait, interroge. Contactée par Rue89Lyon, la direction de la SNCF ne veut pourtant pas se mouiller :

« Ne mettez pas qu’on ne veut pas s’exprimer, on n’a tout simplement rien à voir dans cette affaire ! »

Pour Willy Pasche, l’explication est simple :

« Je pense que la puissance des syndicats fait peur à la SNCF. Ils achètent la paix sociale. J’ai dénoncé ces agissements auprès de la direction de la SNCF et du comité éthique de l’entreprise. Ils ne m’ont jamais répondu. C’est l’omerta ! Par contre les élus du CER sont reçus, eux. Ils sont persuadés d’être intouchables. Et c’est aussi ce qui a motivé mon combat. Les enjeux sont politiques. Et les gens qui l’ouvrent comme moi dérangent. »

« Je ne suis pas anti syndicaliste »
Portant, celui que certains qualifient aujourd’hui de « lanceur d’alerte », ne veut surtout pas que l’on pense qu’il a une dent contre les syndicats :

« Mon père et mon frère étaient syndicalistes à la CGT. Moi je ne m’occupais pas tellement de ces questions. Mais quand j’ai vu qu’on commençait à faire souffrir des gens, à les licencier, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Je ne suis pas anti syndicaliste. Au contraire. Je suis pour qu’il y ait des syndicats reconnus qui fassent leur boulot. Là, ils n’ont même plus besoin de chercher des adhérents et leurs cotisations, ils se servent dans la caisse. J’ai une autre opinion de la démocratie. Je sais qu’il y a plein de gens biens. Il faut juste évincer ceux qui sont corrompus. »

Pour l’avocat de la CGT, pourtant, les enjeux sont bien politiques :

« On veut tuer l’expression sociale chez les cheminots. Et on cherche à stopper la gestion ouvrière des actions sociales parce qu’on veut les privatiser. «

De l’audience qui démarre ce mercredi et se poursuivra trois jours durant, Willy Pasche attend justice. Et que les syndicats « remboursent ». Même s’il pense qu’au sein de la SNCF, personne ne s’empressera de vérifier que les sommes seront bien rendues. C’est pourquoi il leur a proposé d’être nommé à un poste de vérification des comptes, raconte-t-il en souriant.

Source http://www.rue89lyon.fr/2013/06/26/mago ... cf-proces/
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 28 Juin 2013 20:23

lyoncapitale.fr, 27 juin
Procès des syndicats-CER SNCF: moments forts du 1er jour

Le procès des huit syndicats accusés d’abus de confiance et de faux et usage de faux a débuté ce mercredi au tribunal correctionnel de Lyon. Ils auraient capté une partie du budget de fonctionnement du comité d’établissement régional (CER) de la SNCF à leur profit. Et ce, depuis plusieurs années.

Mercredi 26 juin, au tribunal correctionnel de Lyon, rue Servient. Un texto nous prévient : “Manif CGT devant le TGI.” Le temps d’arriver, les syndicalistes font calmement la file devant le détecteur de métaux. Deux rangées compactes, avec quelques allers et retours lorsqu’ils sont contraints de laisser de côté leurs “signes distinctifs”, casquettes rouges notamment. Classique : ils sont venus en nombre pour remplir la salle d’audience C.

10h11, le président ouvre l’audience. Des trois journées prévues pour le procès très attendu des huit syndicats du CER SNCF, il pense n’avoir besoin que de deux. Puis il se retirera, avec ses deux collègues assesseurs, pour délibérer. La décision ne sera rendue qu’en septembre.

Des absents et un homme seul
Défilent à la barre les représentants légaux des syndicats poursuivis pour abus de confiance, faux et usage de faux : l’UPR des cheminots CFDT, l’Unsa-Fédération cheminots, la Fédération générale autonome des agents de conduite (FGAAC), la fédération syndicaliste Force Ouvrière des cheminots, les syndicats de travailleurs Solidaires-Sud Rail, le secteur CFTC Cheminots de Lyon, le syndicat national CFE-CGC de la SNCF et, bien sûr, le plus important d’entre eux, le secteur fédéral CGT Cheminots de la région de Lyon.

Première surprise, personne n’a de nouvelles de la CFTC. L’avocat du syndicat indique néanmoins que “l’antenne de Lyon a été dissoute”. L’information lui serait venue… “de quelqu’un de la CGT”. Brouhaha dans la salle. Seconde surprise, l’avocate de la FGAAC est elle aussi absente. Dans une lettre lue par le président, elle explique que, suite au rapprochement de ce syndicat avec la CFDT nationale, elle n’est plus mandatée dans le cadre du procès. Quant à la CFE-CGC, seule son avocate est présente.

Au premier rang, Willy Pasche est bien seul. L’homme par qui le scandale a éclaté est entouré de “camarades” mais ne reçoit aucun signe d’amitié. Quelques soutiens sont dans la salle, cependant. Mais leur nombre n’est rien en comparaison des hommes venus soutenir “leurs” syndicats.

CGT : question de politesse, sifflement et menace d’évacuation de la salle
Après un résumé du dossier par le président du tribunal, les auditions commencent. À tout seigneur, tout honneur, Laurent Brun, secrétaire du secteur CGT de Lyon, parlera tout le reste de la matinée. Soit quasiment deux heures à la barre, face aux juges. L’homme en impose, par sa taille et par son aisance verbale.

Le président attaque fort et juste : pourquoi le fameux accord, par lequel les syndicats du CER de la SNCF à Lyon se partageaient l’argent du budget de fonctionnement, est-il estampillé “confidentiel” ? “C’est juste un mot, assure Laurent Brun. On aurait pu écrire : “Projet à ne pas diffuser”. Ce document est connu, il a fait l’objet de débats en séance plénière, et la direction de la SNCF est intervenue dessus.” Des explications qui ne convainquent guère le président.

Le juge rappelle les propos d’un ex-secrétaire (CGT) du comité d’établissement, Claude Miachon, interrogé par la police dans le cadre de l’enquête sur l’“accord secret” : certaines “formations” étaient en fait “des réunions, sans formateur attitré, qu’ils [les délégations syndicales du CER, NdlR] considéraient comme des formations” (et facturaient comme telles). Laurent Brun conteste ce propos. Le président du tribunal s’emporte : “Personne n’est d’accord avec personne à la CGT !” Laurent Brun réplique avec des exemples de “vraies” formations – ce qu’il fera tout au long de son intervention… sans jamais répondre directement aux accusations de formations bidons.

Tout au plus admettra-t-il que “nous ne sommes pas bons sur la formulation des factures, d’accord, mais les formations sont réelles ! Écoutez…” Et lorsque le président, de nouveau, s’énerve : “Excusez-moi…” Le président : “On dit “Je vous prie de m’excuser”, sinon vous me donnez un ordre !” Rumeur de mécontentement dans la salle. Quelqu’un siffle. Le président menace sur un ton assassin de faire évacuer la salle si cela se reproduit. Le silence est immédiat.

Des chiffres qui méritent d’être précisés
Un peu plus tard. Les deux hommes débattent toujours des formations. “Pourquoi certaines d’entre elles ont-elles été dispensées à des non-élus du CER, des personnes qui n’ont rien à voir avec le CER ?” interroge le président. “Je n’ai pas vu cela, avoue Laurent Brun. Sans doute s’agit-il de membres de commissions locales mixtes.” On n’en saura pas plus. Les représentants des autres syndicats préciseront cependant que les formations, pour ce qui les concerne, touchaient strictement les élus du CER.

Le juge se fait alors l’avocat du diable et livre une vision un peu différente de l’accord de répartition des fonds : “On pourrait le comprendre ainsi : il y a du fric à prendre, notamment dans la formation où on peut écrire n’importe quoi ; mais attention, il faut rester raisonnable donc limiter le budget formation à 50 % du budget de chaque délégation syndicale au CER.” Une vision réaliste pour Laurent Brun ? “Ce n’est pas ça. La limite de 50 % a été instaurée afin de garder de l’argent pour les autres activités du CER. Le budget du CER n’a connu que deux années de déficit depuis 2002, dues à l’accumulation de dossiers de restructuration.”

Ce qui est vrai, mais en partie seulement. Depuis 2009, le budget de fonctionnement du CER SNCF de Lyon est certes en excédent, mais un excédent qui a drastiquement chuté en 2011 et 2012, passant de 71 000 euros dans le vert en 2009 à moins de 17 000 euros en 2012. Et il ne faut pas oublier l’autre budget du CER : celui des activités sociales. De plus de 665 000 euros en 2009, il plonge dans le négatif en 2012 à -314 765 euros.

Quant au bilan du CER lui-même, Laurent Brun prétend qu’il est transparent et accessible à tous. Certains élus nous ont confié, à l’inverse, qu’il leur était impossible de l’obtenir, tout comme les PV des réunions. Autre “imprécision” : quand le secrétaire CGT estime à 120 le nombre de personnes occupées par le CER, il semble oublier les récentes suppressions de postes, qui ne laissent que 86 personnes en place.

Dérives “individuelles”
La séance est suspendue à 12h45 et ne reprend que vers 15 heures. C’est alors le tour des représentants légaux des autres organisations syndicales de se présenter devant les juges. Benjamin Rassart (Unsa) insiste sur la confusion probable entre élus CER et représentants syndicaux, notamment dans les dépositions recueillies lors de l’enquête de police.

Un prédécesseur, Joël Bournas, a indiqué aux enquêteurs qu’il avait “continué le système mis en place avant lui parce qu’il était bon pour les syndicats” ? Benjamin Rassart ne commente ni ne répond à ces propos, qui engagent un autre que lui. Le président s’étonne que cet accord de répartition, s’il était aussi transparent et légal que ses signataires le prétendent, n’ait jamais été distribué aux salariés… Benjamin Rassart “ne sait pas”.

Chez Sud-Rail, Éric Meyer ne voit pas, dans cet accord, la définition de “montants à atteindre ou à piocher” – un “droit de tirage”, dira le président du tribunal. “Il s’agit d’un accord destiné à limiter les dépenses proportionnellement au nombre d’adhérents. C’est un principe d’équité”, répond M. Meyer. Réplique du président : “Pourquoi fixer une limite, alors que vous auriez pu organiser un vrai contrôle par le secrétaire et le trésorier du CER ? Cela semble dire : Chez Sud, vous pouvez y aller jusqu’à tant, mais pas au-delà de 50% de votre budget de fonctionnement.” Quant à la confidentialité du document, Éric Meyer répond sans convaincre : “Une organisation n’a pas forcément envie qu’une autre organisation communique sur ses frais, etc.” “Pourquoi, si tout est clair et normal ?” s’esclaffe le juge.

Éric Meyer parlera à plusieurs reprises des risques de “dérives individuelles” qu’un tel accord permet d’éviter. “Des dérives de la CGT ?” s’exclame le président. “Je n’ai pas dit ça”, répond le syndicaliste. “Attention, c’est la CGT qui a initié cet accord. Vous voulez dire que la CGT aurait provoqué un accord pour se protéger d’elle-même ?” Murmures dans la salle.

“Si nous n’avions pas accepté cet accord, les élus CFDT se seraient retrouvés sans financement du CER !”
Plus intéressante est l’intervention de Philippe Colin (CFDT), interrogé durant l’enquête et, surtout, signataire de l’accord. “Confirmez-vous qu’une partie du budget de fonctionnement du CER aide – directement ou indirectement – les organisations syndicales ?” interroge d’emblée le président. Silence du syndicaliste, qui demande que la question soit répétée, puis répond par la négative. “Pourtant, à cette même question, vous aviez répondu durant l’enquête : “Je ne peux pas nier qu’une partie de ce budget de fonctionnement aide au financement des organisations syndicales” !” triomphe le juge. Philippe Colin aurait même ajouté que le montant de cet accord avait été “décidé et imposé par la CGT”, et que les autres organisations syndicales “n’avaient pas la possibilité de faire changer ce montant à la baisse”.

Traduction : la CGT, largement dominante, a imposé cette grille de répartition à ses “partenaires” de CER. Le juge lance une perche au syndicaliste : “J’ai le sentiment que vous vous êtes rangé à un système imposé par la CGT mais que vous réprouviez, je me trompe ?” “Si nous n’avions pas accepté cet accord, les élus CFDT se seraient retrouvés sans financement du CER !” confirme Philippe Colin. “Vous vous êtes écrasés”, traduit le président. “Nous avons choisi d’exercer les fonctions pour lesquelles nous avions été élus”, répond le syndicaliste. “On comprend pourquoi c’était confidentiel…”, conclut le juge.

Dernier de la liste, Jean-Louis Basset (Force ouvrière) paraît, à plusieurs reprises, considérer que l’absence d’un tel accord de répartition aurait signifié l’absence de budget de fonctionnement… “Même sans accord, le CER aurait un budget ! l’interrompt le président. Il avait des responsables, un secrétaire, un trésorier pour contrôler !” “Cela aurait été moins transparent sans accord proportionnel”, estime Jean-Louis Basset.

Quant à savoir pourquoi l’accord n’a pas été paraphé par Jean-Louis Ré, alors directeur technique du CER, “cela n’aurait rien apporté de plus, résume le syndicaliste. La responsabilité du budget de fonctionnement était celle du secrétaire, non celle du directeur”. “Relisez la première ligne de l’accord, s’énerve une nouvelle fois le juge. On y voit que les organisations syndicales s’engagent à limiter les frais de formation de “leurs” délégations. C’est un accord politique ! Voilà pourquoi cela ne pouvait rentrer dans le cadre administratif d’un CE. Cela fait un peu mafioso… Si tout est si clair, on en parle, on le fait signer par une autorité, on le diffuse… D’autant qu’il s’agit de l’argent des salariés, pas des syndicats !”

Passes d’armes autour des parties civiles
L’instruction est close à 17h45. Mais la journée ne se terminera pas sans un bon quart d’heure de passes d’armes entre les avocats des syndicats, furieux de découvrir en fin de matinée la constitution de partie civile demandée par Willy Pasche et Nathalie Guichon, tous deux à l’origine de la procédure, et les 94 pièces communiquées à cette occasion.

Chacun des avocats de la défense ou presque prendra la parole à cette occasion, pour dire essentiellement la même chose : la demande est tardive et anticonfraternelle, et la jurisprudence interdit d’y accéder. Mention spéciale à l’avocat de la CGT, qui produit une quasi-plaidoirie contre Willy Pasche, accusé de multiplier les procès “qu’il perd tous, notamment aux prud’hommes” (ce qui est faux : cette procédure, la seule en cours à l’exception du procès du CER et qui concerne des faits de harcèlement moral, n’en est qu’à la départition) et de “polluer tout le temps les débats” dans la presse. Autant pour les “lanceurs d’alerte”, leur utilité… et leur protection.

L’audience sera définitivement levée peu après 18 heures. Rendez-vous ce jeudi pour les plaidoiries de l’avocate de Willy Pasche et Nathalie Guichon, celle du procureur et celles des avocats de la défense.

Source http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon ... u-1er-jour
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 28 Juin 2013 20:23

lyoncapitale.fr, 28 juin
“La direction de la SNCF est la grande absente de ce procès”

Les plaidoiries des avocats ont occupé la seconde journée du procès des syndicats du CER SNCF de Lyon. Le procureur a exigé entre 15000 et 80000 euros d’amende, “symbolique au vu des sommes détournées, mais assez importante pour marquer les esprits”. Un “dossier vide”, a dénoncé la défense.

Seconde journée d’audience dans le procès des huit syndicats du comité d’établissement régional de la SNCF à Lyon. Ils sont accusés de recel d’abus de confiance, de faux et usage de faux : ils auraient capté, durant des années, une part non négligeable du budget de fonctionnement du CER pour financer leurs activités.

L’audience est ouverte à 10 heures, dans une salle à moitié vide – un vrai contraste avec la veille, lorsque des dizaines de syndicalistes avaient rempli les travées. Willy Pasche, à l’origine de la procédure, est moins seul : Philippe Chabin, entre autres, l’a rejoint. Cet ancien secrétaire (CGT) du comité d’établissement Clientèle de la SNCF à Paris est prêt à témoigner à la barre ; cela ne se fera pas. Trop tard, apparemment.

Partie civile : l’intérêt à agir… et les dommages et intérêts
Un témoin appelé par l’avocat de Sud-Rail est tout d’abord convoqué pour illustrer la façon dont le CER organisait les formations. Un point central des débats de la veille... qui n’avance guère aujourd’hui. Car, si l’avocat a fait venir ce témoin “pour prouver que chaque formation facturée a été effectivement donnée”, on voit mal comment un exemple de “vraie formation” peut étendre sa véracité à l’ensemble du dossier.

Me Cayuela, avocate de Willy Pasche et de Nathalie Guichon, plaide ensuite pour la constitution de partie civile. Une question qui avait donné lieu, la veille, à la clôture de l’audience, à des passes d’armes avec les avocats de la défense. Ceux-ci s’étaient irrités de n’avoir été prévenus que dans la matinée de cette demande, et de ne pas avoir eu connaissance des pièces qui y sont liées.

À la question de l’“intérêt à agir” qui manquerait aux deux clients de Me Cayuela, celle-ci rétorque qu’il s’agit de salariés très particuliers : “Ils sont membres d’un CER, qui est différent d’une société puisque son budget est basé sur la masse salariale. En tant que salariés, ils sont donc directement concernés par cette affaire, comme tout le reste du personnel.”

Après avoir résumé l’enchaînement des faits ayant conduit à ce procès, l’avocate justifie les dizaines de milliers d’euros réclamés par Willy Pasche et Nathalie Guichon à titre de dommages et intérêts – des montants qui, lors de la première journée d’audience, avaient provoqué un certain émoi dans la salle – par l’anxiété ressentie depuis 2002, les humiliations subies, la placardisation, la vie professionnelle détruite. Dans la salle, certains ricanent. Un observateur indique à son voisin : “ On se foutait de sa gueule quand il [Willy Pasche, NdlR] était dans sa cage.”

Il faudra attendre la communication de la décision du tribunal, fin septembre, pour savoir si cette demande de constitution de partie civile est acceptée. L’avocate se rassied ; c’est au tour du procureur de prendre la parole.

L’accord de répartition : “un véritable droit de tirage”, selon le procureur
“La bonne ambiance de ce procès contraste avec le climat délétère du dossier”, annonce d’emblée le procureur, qui cite un fait précis, parmi les plus troublants de cette affaire : “Quand l’enquête évolue, toute la comptabilité des années 2002, 2003 et 2004 est bizarrement volée au CER.” Or, si le budget du comité d’établissement régional est excédentaire jusqu’en 1995, il plonge dans le rouge en 2002 (de plus de 8000 euros) et 2003 (80000 euros). Signe, selon le magistrat, que les syndicats se sont (trop) servis dans la caisse.

L’affaire se résume à ceci, selon lui : “Le budget de fonctionnement du CER représente environ 300 000 euros à se répartir chaque année ; cela dure depuis 1995, et pour la seule période de prévention [de janvier 2002 au 12 décembre 2006, NdlR], le montant dépasse le million d’euros. La seule question juridique est celle-ci : ces dépenses concernent-elles vraiment les membres du CER ?”

Claude Miachon, secrétaire (CGT) du CER au début des années 2000, “ne vérifiait pas les factures des formations : il remboursait, tant qu’on ne dépassait pas [le plafond fixé dans l’accord]”. En outre, les frais remboursés ”n’étaient pas des frais réels”, et nombre de ces formations “étaient en fait des réunions syndicales”. Sur les 16 factures “à problème” estampillées CGT, “une seule concerne clairement des élus du CER”. Les autres sont très vagues, ou semblent concerner des activités syndicales non liées au comité d’établissement, ajoute le procureur, qui pointe que ces factures “atteignent parfois 250 euros par jour et par personne, alors que la salle est mise à disposition gratuitement, que les formateurs CGT sont bénévoles et que les trajets en train sont naturellement gratuits”.

Pour le magistrat, c’est clair : il s’agit d’un moyen aisé de transférer des fonds du CER vers les organisation syndicales. Les faits reprochés à celles-ci font l’objet d’une énumération à la Prévert : pour la CGT, 30 sièges de bureau, 8 ordinateurs, 120 repas pour des retraités ; pour Sud-Rail, 8 chaises de bureau, 3 ordinateurs. La liste est longue ; le chiffre, sans appel : les organisations syndicales se seraient adjugé 67% du budget de fonctionnement du CER.

“L’accord secret est un véritable droit de tirage, sous couvert d’une facturation de façade pour prétexter d’un lien avec les activités du CER, conclut le procureur. Tout simplement parce que les activités syndicales ne peuvent être couvertes par les seules cotisations.” Le magistrat limite cependant les amendes qu’il demande, au vu de l’ancienneté des faits, des circonstances (problèmes d’argent des syndicats), de l’absence d’enrichissement personnel prouvé. Il exige ainsi 80000 euros pour la CGT, 30000 euros pour l’Unsa, Sud-Rail et la CFTC, 15000 euros pour la CFDT et FO, et demande de constater l’extinction de l’action publique envers la FGAAC et la CFE-CGC, structures défuntes.

“Je veux me faire l’avocat du syndicalisme”
Place aux avocats de la défense. Maître Tourné, avocat du secteur CGT, se taille – tout comme son client la veille – la part du lion du temps de parole, puisqu’il plaidera durant pas moins de 1h40. Il commence par un argument qui sera largement utilisé par ses confrères : ce procès est celui du syndicalisme – un jugement dur pour les syndicats menacerait le fonctionnement des délégations du CER… et le fonctionnement du CER lui-même, “qui ne sait pas fonctionner sans les délégations syndicales”.

L’avocat remonte à 1983 et au changement de statut de la SNCF pour démontrer que la CGT n’était pas favorable à une structure en comités d’établissement régionaux. Un système “qui a éradiqué toute la représentation locale qu’il aurait été légitime d’avoir”, puisqu’il a été préféré à une structure visant un comité par établissement, nettement plus “locale” (mais avec 327 CE au lieu de la trentaine de CER).

Or, 13 élus pour un CER de la taille de celui de Lyon, avec plus de 9000 cheminots auxquels il faut rendre compte, “ce n’est pas assez”. Pour faire fonctionner le CER, on crée donc des structures ad hoc : commissions facultatives, commissions mixtes locales, etc. “Si le budget du CER ne sert pas aussi à rembourser leurs frais, on tue le CER !” tranche Me Tourné.

L’argument peut se résumer ainsi : lorsque les cheminots votent pour leur CE, le premier tour de l’élection ne rassemble que des candidats proposés par les syndicats. Des candidats hors syndicats ne peuvent se présenter qu’en cas de second tour, permis uniquement si le quorum n’a pas été rempli au premier tour. Ce qui n’arrive jamais. Les cheminots choisiraient ainsi objectivement d’être représentés par des syndicalistes. Ce qui expliquerait, selon l’avocat, une certaine identification – voire une confusion certaine – entre les fonctions de représentant syndical et celles d’élu du CER… et de l’argent y afférent. Un système qui, en outre, ne serait que l’héritage du passé.

L’avocat du secteur CGT mise beaucoup sur ce brouillage des limites. Il indique ainsi que “ce sont les organisations syndicales qui décident du règlement intérieur” du CER. Faux, rétorque Philippe Chabin : c’est le CER lui-même… Me Tourné assure que l’expert-comptable “certifie le bilan” du CER. Faux, selon Philippe Chabin : il “atteste” mais ne “certifie” pas – effectivement, la présentation annuelle des états financiers du CER comporte une “attestation de présentation” mais ne mentionne aucune certification.

Quant à la “transparence totale” du bilan, certes, celui-ci est très détaillé, mais il reste impossible d’avoir une idée précise de la nature des “formations des élus” qui ont coûté plus de 76000 euros en 2012, en nette augmentation par rapport à l’année précédente (66263 euros). Sans parler de ces “honoraires” passés de 53000 à plus de 91000 euros en un an.

L’avocat se tourne ensuite, comme la veille, vers Willy Pasche pour l’accuser de multiplier les procès contre le CER et contre la SCNF (ce qui est faux, seule une procédure aux prud’hommes pour harcèlement moral étant en cours), d’avoir participé à un article du magazine Capital condamné pour injure et diffamation (ce qui est largement faux, seuls deux points sur quatorze ayant été retenus par la première chambre correctionnelle qui n’a, au passage, pas reconnu le caractère injurieux ou diffamatoire du titre même de l’article, “Quand la CGT de la SNCF se transforme en patron voyou”).

En conclusion et revenant à son sujet, Me Tourné estime que “le seul système mis en place est celui de la débrouille, pour pouvoir faire face à la direction en cas de besoin, dans une région aussi étendue que celle couverte par le CER de Lyon”. “Je veux me faire l’avocat du syndicalisme”, a-t-il asséné. Ce n’est certes pas l’objet du présent procès, mais cela n’empêche pas l’avocat de brandir le chiffon rouge de la survie des syndicats : “Combien d’instituts de formation privés attendent au coin du bois” la fin du monopole des syndicats sur la formation des élus du CER ? Me Tourné parle même d’une “manne économique” qui reste, pour le moment, “injectée dans l’économie sociale”. Comprendre : les caisses des syndicats ?

Des questions sans réponse
L’avocat de Force ouvrière tente, lui aussi, d’imposer une vision large des membres du CER concernés par le budget de fonctionnement. À ses yeux, il s’agirait des élus et de leurs suppléants, mais aussi des représentants syndicaux et des membres de toutes les commissions. Une vision partagée par ses confrères, sans guère de justification juridique exprimée à l’audience. Sinon, de nouveau, la nécessité de facto de consacrer cet argent à un large cercle de collaborateurs afin d’assurer la survie, ni plus ni moins, du CER.

Maître Plet, en revanche, prouve qu’un syndicat comme la CFDT, lorsqu’il n’a aucun élu au CER et ne touche donc pas un sou du budget de fonctionnement, peut survivre. Ce qui contredit en partie les affirmations de ses confrères… L’avocate propose sa propre solution pour clarifier les choses : “Arriver à un clivage rigoureux entre les dépenses du CER, qui ne passeraient plus par les organisations syndicales mais seraient remboursées directement par le CER lui-même, et les dépenses des syndicats.” Encore une spécificité de la CFDT, quand l’ensemble de ses coreligionnaires prône le maintien de l’accord de partage, parfaitement logique, justifié et légal à leurs yeux !

Me Plet lâchera également une petite phrase lourde de sous-entendus : “La direction de la SNCF est la grande absente du jour.” Assentiment de certains dans la salle… Mais l’avocate ne s’appesantira pas sur ce point. En effet, pourquoi la direction de la SNCF, qui préside le CER et assure le fonctionnement de celui-ci par l’argent qu’elle lui verse, n’est-elle pas représentée à l’audience ? Pourquoi ne s’est-elle pas portée partie civile ? C’est pourtant bien l’argent prélevé sur sa masse salariale qui a potentiellement été détourné.

Un point relevé par maître Luciani, avocat de Sud-Rail : “Pourquoi la direction de la SNCF n’a-t-elle pas attaqué cet accord en justice ?” Selon les syndicats, elle était forcément au courant de cette répartition du budget. Et, même si elle le jugeait parfaitement acceptable et légal, pourquoi n’être pas venue le dire à la barre ? Des questions pour le moment sans réponse.

Contactée vendredi matin, la direction régionale de la SNCF ne souhaite pas commenter une procédure en cours. Elle ne nie pas le fait que la directrice régionale préside le CER, mais répète que le comité d’établissement est une structure complètement séparée et qu’à ce titre elle n’a pas à s’impliquer dans ce procès. Or, l’argent possiblement détourné par le CER provient de la SNCF et est directement prélevé sur la masse salariale de l’entreprise : la direction n’aurait-elle pu se porter partie civile ? Elle n’avait pas à le faire, au vu de la séparation nette des deux structures, réaffirme-t-elle.

Rendez-vous le 26 septembre pour la décision du tribunal.

Source http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon ... -ce-proces

lyonmag.com, 28 juin
Lyon : entre 15000 et 80000 euros requis contre les syndicats de la SNCF

Le procès pour recel d'abus de confiance de huit syndicats de la SNCF s'est terminé jeudi soir.

Selon le Progrès, le parquet a réclamé la condamnation de six des huit mis en cause, deux d'entre eux étant dissout ou en voie de liquidation judiciaire. Contre la CGT, considérée comme l'instigatrice de l'accord intersyndical, 80000 euros ont été requis.
Les réquisitions sont de 30000 euros contre Sud Rail, Unsa et CFTC et de 15000 euros contre la CFDT et FO. La justice leur reproche de s'être financés avec l'argent du comité régional d'entreprise de la SNCF. Des faits qui se seraient déroulés entre 2002 et 2006 et que les huis syndicats ont toujours contestés, assurant que l'argent était bel et bien destiné à la formation des salariés.
Le jugement sera rendu le 26 septembre prochain.

Source http://www.lyonmag.com/article/55145/ly ... de-la-sncf
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 07 Sep 2013 11:16

Dans l'affaire du financement du CER de Lyon, la direction régionale est abonnée absente. Une façon d'acheter la paix sociale croit savoir Lyon Capitale. Lire http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Fran ... ue-la-SNCF
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar capelanbrest » 07 Sep 2013 19:23

Didier 74 Wrote:Dans l'affaire du financement du CER de Lyon, la direction régionale est abonnée absente. Une façon d'acheter la paix sociale croit savoir Lyon Capitale. Lire http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Fran ... ue-la-SNCF


Éternel problème que l’achat de la paix sociale....de tous temps !

mais tôt ou tard les limites sont atteintes......et un beau jour tout vient à point qui sait attrendre !
la direction doit également connaitre cet adage..... ;)
reculer d'un pas à un instant T pour avancer de deux ensuite...tout manager toute direction connait la marche à suivre le moment opportun venu.... :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
capelanbrest
Rang : Passéoz Mensuel
Rang : Passéoz Mensuel
 
Messages: 2176
Inscription: 03 Juil 2011 12:29

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 26 Sep 2013 20:32

Le verdict est tombé dans l'affaire du CER de Lyon

leprogres.fr, 26 septembre
Affaire du CE de la SNCF : les syndicats jugés coupables des faits reprochés

Dans l'affaire du Comité d'Entreprise de la SNCF accusé de malversations, les syndicats sont condamnés à des amendes de 40000 euros pour la CGT, 10000 euros pour Unsa, 10000 euros pour Sud Rail, 10000 euros pour la CFTC, 5000 euros pour la CFDT et 5000 euros pour FO.

Le montant des amendes est inférieur à ce qu'avait requis le procureur en juin

En revanche la constitution de partie civile des deux salariés à l'origine de la plainte, a été jugée irrecevable.

Source http://www.leprogres.fr/rhone/2013/09/2 ... -reproches

Lire aussi http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Fran ... -condamnes
Didier 74
 

Re: [Politique] Financement des syndicats

Messagepar Didier 74 » 05 Oct 2013 13:05

Le syndicat Sud Rail refuse de se laisser “couvrir de boue” (sic) par la justice. Quelques jours après le rendu du jugement dans l’affaire du CER de la SNCF, il vient d’annoncer dans un communiqué faire appel de cette décision. Lire http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Fran ... -syndicale
Didier 74
 


Retourner vers Forum Transport Ferroviaire

Qui est en ligne

Utilisateurs enregistrés: Bing [Bot], Google [Bot], Nathan_le_Nancéien


Lineoz.net Tous Droits Réservés 2001-2008 :: Création & DeSiGn by ArNaUd OUDARD
Ce site est enregistré à la CNIL sous le numéro 1072137 conformément à l'article 16 de la Loi Informatique et Liberté du 6 janvier 1978

Sites partenaires : Grenoble Snotag | Nancy blogOstan | Angers SnoIrigo | Clermont Ferrand TransClermont | Valence SnoCtav | Marseille Marseille-Transports.com | Dijon SnoDivia