Ferroviaire : comment Alstom compte rebondir en Russie
Le groupe a perdu le marché des tramways à Moscou.
Il compte sur les projets pour moderniser le réseau national.Doublé au finish par son concurrent Bombardier, le tramway d'Alstom ne roulera pas à Moscou. « Une mauvaise nouvelle », reconnaît-on au siège de la filiale russe du groupe. Au terme d'un appel d'offres aux multiples rebondissements, organisé pour les 120 nouveaux tramways de la capitale, la mairie a fini par choisir Bombardier. Pour l'occasion, le canadien s'est associé à Uralvagonzavod, un poids lourd de l'industrie publique russe, plus connu pour ses chars d'assaut que pour ses voitures de passagers. « En coulisses, il y a eu beaucoup de lobbying. Entreprise d’État, Uralvagonzavod disposait de leviers politiques sur le gouvernement, qui a pu faire pression sur la mairie », assure Andreï Rojkov, analyste à la banque Metropol.
Alstom se garde bien de politiser l'affaire. Mais l'équipe à Moscou ne cache pas sa surprise : Uralvagonzavod et Bombardier ne disposent en effet que d'une maquette de tramway. Ils pourraient peiner à respecter le cahier des charges, pour les exigences techniques comme pour les délais de livraison. Le groupe français avait, lui, présenté un prototype basé sur Citadis, son modèle phare qui, adapté aux réseaux urbains russes, devait être produit dans l'une des usines de son partenaire local TransMashHolding. TMH et Alstom se retrouvent donc contraints de réviser leur stratégie : intéressés par la rénovation des réseaux de tramways dans d'autres villes, ils comptaient sur cette commande à Moscou pour lancer leur ligne de production.
Alstom, qui mise beaucoup sur la Russie, assure que cet échec ne remet pas en cause son partenariat avec TMH, le principal constructeur ferroviaire russe. Le français a pris une participation au capital à hauteur de 25%. Une coûteuse association qui, moyennant une production locale comme le souhaitent les autorités, devait ouvrir de nombreuses portes et garantir des contrats. « Nous avions pareillement songé à devenir actionnaire de TMH, témoigne aux « Échos » une source de Siemens. Fantastique… sur le papier ! Mais, au vu des difficultés en Russie pour rendre effectif tout transfert de technologies, nous avons préféré y renoncer, privilégiant une coentreprise de plus petite taille. »
D'autres commandes en discussionSi on reconnaît chez Alstom qu'il n'est pas toujours facile de travailler avec TMH, on assure néanmoins que cette association est le meilleur moyen d'avoir la base industrielle et l'appui politique suffisants pour l'emporter sur un marché bien plus important que celui des tramways : celui du renouvellement de la flotte de locomotives de RZD, la SNCF russe. Un premier contrat de 200 locomotives électriques de passagers est en cours avec la production, dans une usine de TMH modernisée par Alstom, d'une valeur de 1 milliard d'euros, il en revient 400 millions à Alstom.
Deux cents unités doivent suivre pour le fret, avec 800 millions d'euros à la clef, dont la moitié pour le français. Mais le modèle n'a pas encore été certifié. « Au vu des besoins de RZD pour se moderniser et de l'influence de TMH sur le marché du rail russe, cette association finira par se concrétiser en nouveaux gros contrats », affirme l'analyste Andreï Rojkov.
« D'autres commandes sont en discussion », confirme une source proche des négociations. De quoi poursuivre l'équilibre soigneusement entretenu par RZD entre Alstom et Siemens. Après un premier contrat, l'allemand a récemment signé une lettre d'intention pour 675 locomotives de fret nouvelle génération.
Des projets en suspensLes futures lignes à très grande vitesse, un projet de RZD pour l'heure gelé du fait de contraintes financières.
Des trains pendulaires Pendolino, comme éventuelle solution de remplacement.
Les nouveaux réseaux de trains de banlieue.
Des voitures duplex pour doubler le trafic des trains desservant les aéroports de Moscou.