Alain Rousset : « Les régions pourraient remettre en cause leurs commandes de Régiolis »
Alain Rousset, président de l'Association des Régions de France, a déclaré lors du colloque « Les gares au cœur de la ville durable », qui se tient aujourd'hui à Paris, que faute de « ressources dynamiques » les régions pourraient remettre en cause leurs récentes commandes de TER Régiolis. Une dramatisation du discours des régions en pleine préparation de leurs budgets 2011.
« On a coupé les pattes aux régions en les privant de ressources dynamiques. Elles sont aujourd'hui dans l'incapacité de savoir de quel budget elles disposeront demain. A tel point qu'on pourrait revenir sur les commandes de TER en cours, Régiolis et autres. »
Alain Rousset, président de l'Association des Régions de France (ARF), et président du conseil régional d'Aquitaine a jeté un froid lors du colloque « Les gares au cœur de la ville durable » qui s'est tenu ce mercredi 22 juin 2011 à Paris à la maison de la chimie. Les raisons de cette colère ? La réforme des collectivités locales qui va priver les Régions d'une fiscalité dynamique et directe et qui les rend dépendantes des dotations de l'Etat.
A l'issue de ce débat Mobilicités a posé quelques questions à Alain Rousset
Mobilicités : Vous venez de vous exprimer sur le fait que certaines régions pourraient remettre en cause leurs commandes de matériel roulant TER, faute de financement. Ca représenterait quel montant ?Alain Rousset : Pour l'instant je n'ai pas d'information sur les montants de commandes qui pourraient être impactées. Aujourd'hui, dans les ressources des régions il y a une rupture. Nous sommes dépendants en quasi-totalité des dotations de l'Etat qui sont gelées. C'est une rupture par rapport à l'histoire des collectivités locales qui, depuis les années 80, voyaient leurs ressources suivrent la croissance économique.
Nous avions pris ces engagements (NDLR : de commande de TER) au moment où nous pensions que le système de financement allait, même régulé, se poursuivre. Ce n'est pas le cas. Vous vous doutez bien que tout est remis en question. Les régions ne vont pas jouer l'endettement comme le fait l'Etat. Un Etat qui, rappelons-le, nous demande de financer une grande partie de ses compétences, la régénération des voies ferroviaires, les LGV, les plan campus...
La fin de ce modèle va donc poser un problème de commande publique. Ce sont les entreprises et l'emploi qui vont être les premiers touchés. La décision du président de la république de casser les finances régionales, aura un impact sur l'emploi et sur le développement industriel de ce pays.
C'est un discours que vous tenez depuis quelques mois. Pourquoi le dramatiser aujourd'hui ? Il y a quelque chose de nouveau ?Non. Nous sommes, tout simplement, en train de préparer le budget 2011. L'Etat ne sait même pas à quel niveau se situeront les recettes de la cotisation qui a remplacé la Taxe Professionnelle. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elles seront inférieures à ses prévisions. Donc l'Etat va s'endetter encore plus pour simplement maintenir au même niveau les dotations aux régions. C'est dire à quel niveau d'absurdité nous sommes arrivés.
On sait quelles régions pourraient être concernées par ces réductions de commandes ?Non, mais toutes les régions s'interrogent. Ce sont des sommes considérables. Les régions se sont engagées sur une commande 15 milliards d'euros. C'est vous dire les retombées sur le plan économique et sur l'emploi. Sauf que, ces 15 milliards d'euros, sur lesquels nous nous sommes engagés au moment où nous savions l'évolution de nos finances, on ne les a plus.
Ce gouvernement tue les investissements d'avenir que portent les régions. Ce n'est pas un problème de gauche ou de droite, c'est un problème de bêtise.