Ligne Kruth-Mulhouse « Une étude initiale sur des données erronées »
Jean-Paul Omeyer, président du comité de ligne Mulhouse-Thann-Kruth, a pris connaissance de l’étude sur la desserte de la vallée de la Thur réalisée par le cabinet TTK. Voici les réflexions qu’elle lui a inspirées.Le mercredi 23 octobre, la communauté de communes de la vallée de Saint-Amarin, en présence des associations d’usagers, a présenté au président du CLAL (comité local d’animation de ligne), aux services de la Région, de RFF (Réseau ferré de France) et de la SNCF les résultats de l’étude sur la desserte de la vallée de la Thur, cofinancée par l’association TET et commandée au cabinet TTK de Karlsruhe. Ce même cabinet d’études avait, en 2002, élaboré l’analyse préalable au projet de tram-train. Selon l’expression de François Tacquard, cette nouvelle étude « est réalisée par le petit bout de la lorgnette » puisqu’elle ne concerne que la desserte de la haute vallée. En tant que président du comité de ligne, Jean-Paul Omeyer, vice-président du conseil régional, a souhaité apporter les précisions suivantes, en respectant scrupuleusement ce qui a été présenté.
« 1. D’abord, le constat partagé que les temps de parcours ne sont pas ceux annoncés au départ par le bureau TTK qui se basait alors sur la réglementation et le mode de fonctionnement allemand, non applicable en France !
2. Toutes les comparaisons proposées se font par rapport à des lignes en dehors de la France ! Le cabinet indique que la ligne Mulhouse-Thann-Kruth fonctionne plutôt mieux que les autres lignes françaises et qu’il s’est placé dans la logique de son étude initiale avec des données trop optimistes ! Pour espérer se rapprocher de ses données initiales, il faudrait donc changer la réglementation française !
3. Concernant la desserte du centre-ville de Mulhouse, le cabinet confirme qu’en 2002 il avait identifié que 80 % des usagers de la ligne allaient sur Mulhouse centre et non sur Mulhouse gare centrale. Le projet est donc en phase avec ses préconisations.
4. Régulièrement, la Région est interpellée sur l’abandon des TER en cas de réalisation de la deuxième tranche du tram-train et donc accusée de vouloir étouffer la vallée. L’abandon du TER est une proposition de TTK depuis l’origine et confirmée dans son étude de 2013 (N.D.L.R. : le cabinet a envisagé trois hypothèses, l’abandon du TER n’est que l’une des trois).
« La voie unique la plus chargée de France »5. Concernant la fréquentation, le cabinet reconnaît que le service est amélioré dans la vallée, de même que la desserte de Thann et des territoires desservis par le tram-train. Entre 2010 et 2012, la fréquentation de la ligne a augmenté de 28,6 % passant de 852 000 voyages à 1 082 000. Mais c’est la desserte directe de Mulhouse depuis la vallée qui pose problème, car sa durée est jugée trop longue. Et le report vers la route est considéré comme pénalisant en raison notamment des « bouchons thannois » provoqués par les fermetures de barrières et les feux rouges. Historiquement, la traversée de Thann a toujours été difficile et il est évident que les fermetures de barrière et les feux rouges n’arrangent rien. Mais il est tout aussi évident que le triplement des liaisons ferroviaires génère plus de fermetures. À cet égard, il convient de prendre en considération la réglementation en matière de sécurité et de rappeler qu’il s’agit de la voie unique la plus chargée de France.
6. Le bureau TTK préconise de supprimer quatre liaisons tram-train TER navette et de les remplacer par quatre TER. Cette proposition n’a fait l’objet d’aucune analyse sur le fond. TTK laisse ouvertes les questions essentielles : quelles liaisons supprimer ? Comment introduire ces trains dans les sillons à Mulhouse ? Quid des usagers qui remplissent ces trams-trains aujourd’hui ? C’est là que l’analyse aurait pu être plus sérieuse et incitative ! […]
Un coût de 14,28€ en voiture, 7,60€ par le railDe même qu’il faut faire une étude comparative des coûts et durées de trajets. Pour un trajet Kruth-Mulhouse gare, sans tenir compte des bouchons, la durée est de 48 minutes et il convient de rajouter 15 minutes pour la recherche de parking et le déplacement du parking à la gare, selon TTK soit 1h03 (Kruth – Vieux-Thann 21 km à 45 km/h moyenne, Vieux-Thann – Mulhouse- Dornach 17 km à 90 km/h moyenne, Mulhouse-Dornach – Mulhouse gare 4 km à 30 km/moyenne) pour un coût de 42 km x 0,34 € soit 14,28 €, parking non compris. En TER ou TER plus tram-train, compter entre 59 minutes et 1h11 à un coût unitaire de 7,40€ à 7,60€. L’écart est encore plus important avec un abonnement de travail à 1,80€ le trajet, dont 50% pris en compte par l’employeur, l’énervement et les risques d’accident en moins.
Il convient cependant de ne pas nier les difficultés. Depuis 2010, en concertation avec les associations d’usagers, bon nombre d’améliorations ont été apportées : rallonge des quais et réduction des temps de fermeture de barrières, renforcement et augmentation des TER aux heures de pointe, cadencement organisé pour assurer les correspondances à Mulhouse. Restent des points à améliorer comme la tarification, les contrôles ou la durée de fermeture des barrières.
La Région, avec ses partenaires de la SNCF et de RFF, entend continuer à améliorer le service, à analyser toutes les demandes et à y apporter des réponses. Le conseil régional prend acte de cette étude mais interroge sa cohérence. TTK avait réalisé l’étude initiale sur des données erronées. Ce rapport n’apporte aucune solution d’amélioration argumentée. »