Les Landes troublent l'arrivée de la LGV en Béarn
En plaidant pour une amélioration de la ligne existante, les Landais troublent un peu plus le dossier de la desserte LGV du Béarn.
C'est un coup de théâtre dans le dossier de la desserte LGV Béarn-Bigorre. Alors qu'il avait voté en janvier 2009 une délibération pour que le Béarn soit desservi par la grande vitesse via une liaison directe depuis Mont-de-Marsan (1), le département des Landes révise actuellement sa position. Et devient partisan d'un aménagement de la voie existante.
Plus question donc pour les Landais d'envisager un axe direct vers Pau par la Chalosse, ni même un shunt (barreau ferroviaire) entre Dax et Orthez. Même si elle n'a pas encore été traduite par un nouveau vote, cette position a été révélée fin décembre à Mont-de-Marsan, par la voix de Robert Cabé, maire d'Aire-sur-l'Adour et premier vice-président du Département que dirige Henri Emmanuelli, lors du premier atelier thématique organisé par Réseau Ferré de France sur ce dossier.
Georges Labazée : « Je m'en tiens au calendrier » Arguments avancés, le refus de nouvelles saignées dans un territoire déjà impacté par l'A65, mais aussi le coût du projet et son manque de rentabilité.
Chez RFF, comme au conseil général des Pyrénées-Atlantiques, on a en tout cas pris connaissance de cette position. Interrogé en marge de ses voeux hier soir, le président du conseil général Georges Labazée ne souhaitait pas vraiment la commenter. « Pour l'instant, je m'en tiens au calendrier. Avec un débat public toujours prévu fin 2012-2013. Et c'est à l'issue de ce débat que RFF décidera pour le tracé. »
Côté RFF, Jacques Cotou, chargé de mission pour Béarn-Bigorre, note que l'option de l'aménagement de l'existant peut tout à fait être incluse dans les quatre scénarios appelés à être étudiés lors du débat public. Et hier soir à Bordeaux, le directeur régional de RFF, Bruno de Monvallier, indiquait d'ailleurs qu'il y avait de fortes chances qu'elle le soit.
Les Landais à l'unisson, les Béarnais divisés Même si cela ne bouscule pas le calendrier et que ledit débat est toujours envisagé fin 2012, le revirement landais devrait peser dans le choix final. C'est désormais tout un département, très concerné par le tracé, qui se positionne, au diapason, d'ailleurs de ses deux principales collectivités, les communautés d'agglomération des Landes et Mont-de-Marsan qui ont déjà affirmé leur refus de nouvelles trouées.
Bref, les Landais sont à l'unisson alors que les Béarnais restent divisés. Et offrent du pain béni à RFF que beaucoup soupçonnent justement de pencher pour cet aménagement de l'existant. Sachant que pour afficher des normes LGV, la voie actuelle doit voir tous ses passages à niveaux supprimés et pas mal de courbes rectifiées.
(1) précisément en longeant l'A65
Le chiffre5. C'est le nombre de projets désormais en lice pour la desserte du Béarn par la LGV : Mont-de-Marsan-Pau ; Dax-Orthez-Pau ; le long de l'A65 ; et Mont-de-Marsan-Tarbes-Pau. Il faut maintenant y ajouter l'aménagement de la ligne existante.
Les tracés vers Hendaye et Toulouse validés hierLe comité de pilotage sur les Grands projets du Sud Ouest (GPSO), c'est-à-dire les projets des futures LGV Bordeaux-Toulouse et Espagne, qui s'est tenu hier à Bordeaux est une « étape majeure » selon les termes de Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, présent au même titre qu'Alain Rousset, son homologue d'Aquitaine.
Les deux hommes arboraient le sourire après les inquiétudes - levées - sur le financement des GPSO. Cette réunion était perturbée, de loin, par la présence de 80 élus du pays Basque, rassemblés à proximité de la préfecture, sous une arche gonflable où était inscrit « Non à la LGV ».
Travaux prévus en 2017 Malgré tout, élus, représentants de l'Etat et responsables de Réseau ferré de France (RFF) ont confirmé le tracé définitif des deux tracés de LGV. Cinq options de tracé restaient à confirmer dont trois dans le Pays basque : à Arcangues, Biriatou et St-Jean-de-Luz. Pour chacune de ces zones, une hypothèse de tracé a été retenue.
Sur la polémique de construire ou non une ligne nouvelle, le préfet coordinateur, Patrick Stéfanini, a tenu à préciser que les dés n'étaient pas tous jetés : « C'est une chose d'arrêter une proposition de tracé, c'en est une autre de prendre la décision de construire une ligne nouvelle ».
« Impossible dans 15 ans » « Il faut rappeler que nous faisons un projet pour plus d'un siècle », lâche Alain Rousset, ardent défenseur du projet. « Et si on laisse aujourd'hui filer ce dossier, dans 15 ans, du fait de la forte urbanisation du Pays basque, il sera impossible de le faire. » D'ailleurs, ce comité de pilotage a approuvé le principe d'achats fonciers par anticipation, notamment pour les terrains agricoles et viticoles.
De manière plus générale, d'ici fin janvier, le préfet doit envoyer ces propositions de tracé définitif à la ministre de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, dans l'attente d'une réponse avant les élections présidentielles.
Restera un peu plus d'une année et demi pour les études complémentaires estimées à 19,5 millions avant l'enquête d'utilité publique en 2013, pour une déclaration d'utilité publique en 2014 et des travaux à partir de 2017.
Des ateliers pour préparer le débat public RFF organise actuellement des ateliers, non-public mais avec élus et associations, afin de préparer la saisine de la commission du débat public. L'un a eu lieu à Mont-de-Marsan, un autre est prévu à Orthez demain, avant une séance à Tarbes puis une synthèse à Pau. Objectif, constituer le dossier de la liaison avec le Béarn-Bigorre dans la perspective du débat public. Un comité de pilotage est ensuite prévu en février pour examiner les conclusions de ces ateliers. Tous ces éléments seront ensuite envoyés, fin février, à la commission nationale du débat public (CNDP). Et ce sera à elle de décider, dans les deux mois, de l'opportunité d'organiser, ou non, un débat public sur ce sujet.