Villenave d'Ornon (33) : avoir des TER ou pas ?
L'avenir de la halte ferroviaire de Villenave au centre d'un débat jeudi 27 octobre en soirée, au Cube.
La halte ferroviaire : plus de pigeons que de voyageurs.
Les Villenavais réussiront-ils à profiter du projet de Ligne à grande vitesse pour sortir leur halte ferroviaire de sa torpeur ? C'est-à-dire à obtenir que des trains s'y arrêtent davantage qu'aujourd'hui : c'est-à-dire neuf fois par jour en semaine en direction de Bordeaux, dont trois seulement entre 6h37 et 7h56 le matin, et deux fois en soirée à 18 heures et 21h39. En dépit des arceaux à vélo et de l'abri récemment installés. L'ex-gare en quasi-ruine est davantage le domaine des pigeons que des voyageurs.
Transférer une part des embouteillages villenavais sur le rail ne serait pas un luxe. C'est le principal enjeu local de la concertation ouverte jusqu'au 5 novembre par GPSO (Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest) sur l'ensemble des gares du projet, et notamment sur la halte ferroviaire villenavaise. Ce sera le thème de la réunion publique du 27 octobre prochain, à 19 heures, au Cube.
Les nuances de l'oppositionPatrick Pujol pourra compter sur son opposition municipale pour faire valoir les attentes de Villenave sur le dossier de la gare. Certes, du côté du Front de gauche, Michel Pouyllau (PCF) et Alain Bousquet (PG) maintiennent leur opposition de fond au projet LGV et au partenariat public privé pour sa réalisation. Mais Michel Pouyllau considère qu'il faut « se battre » pour une « vraie gare », « plus que symbolique même si elle est petite », et un « vrai service de TER ». Il observe en outre : « Il faut aussi une liaison en transport en commun en site propre vers le terminus du tram à Casino. »
Alain Bousquet insiste sur « la nécessité d'une ligne tram-train intracommunautaire » et d'une « gare sans guillemets, avec des trains qui s'arrêtent si possible ! »
Chez les socialistes, les plus nombreux à gauche, Florence Rialland (salariée du groupe PS au Conseil régional) souligne que « la Région a un plan de modernisation des gares jusqu'en 2014 » et que « pour obtenir une desserte bien cadencée, il va y avoir un lobbying énorme. Et nous défendrons Villenave dans nos institutions. C'est un dossier d'intérêt général. Il faut mobiliser les acteurs villenavais. »
Mais, note Philippe Barbe, « il faut le lier au développement du bourg, avec le PAE et la Plantation, qui se déroule dans le même créneau de temps à peu de chose près. Le maire doit faire un plan de déplacement pour la commune, sinon on va vers l'engorgement du secteur. D'autant plus si on envisage l'arrivée du tram au Pont-de-la-Maye, alors que faire le trajet du Bourg à Casino à 16 heures, c'est déjà très difficile. » On reconnaît là la critique récurrente des socialistes à l'égard de leur maire, accusé de « manquer de vision d'ensemble ».
Quant à Nathalie Richard, l'ex-élue écologiste qui siège au conseil des sages, elle met en garde : « Il ne faut pas lier la question de la halte ferroviaire à la LGV. Ce projet ne se fera pas, ou peut-être dans vingt ans. Et Villenave a besoin d'une desserte vers la gare Saint-Jean le plus tôt possible. »
Aux heures de pointe « Il faut que les Villenavais viennent, se saisissent du projet et se fassent entendre », insiste Patrick Pujol, le maire, depuis que la date est fixée. Raisonnement de l'élu : « Si on doit donner plus de place à la voie ferrée, avec les impacts très lourds que ça entraîne, ce serait inconcevable que les trains ne fassent que passer. »
Le « bon sens » ne suffit sans doute pas à régler la question. Pratiquement, la gare de Bègles, destinée à devenir multimodale (tram, train, bus, voiture, vélo), est à moins de deux kilomètres. Pas sûr que la Région Aquitaine, qui gère les TER, soit disposée à multiplier les arrêts. « Je veux bien concevoir », dit le maire, « que pour les Langonnais, si le TER s'arrête dans toutes les gares, c'est une perte de temps. Mais je ne comprendrais pas qu'ils ne s'arrêtent pas dans les deux gares de l'agglomération, là où il y a le plus d'habitants. Si l'offre est bien cadencée aux heures de pointe, il y aura du trafic. »
Pour l'heure, il s'agit de réaménager la gare, avec un quai de chaque côté, des accès facilités y compris aux handicapés, une nouvelle passerelle, des chemins piétonniers et des accès de bus, de réinstaller un point de vente de billets et un espace d'information. GPSO envisage un arrêt-minute automobile de cinq places, un parking longue durée de 25 places, et un parc deux-roues de 10 à 15 places.
Liaison vers le tram « C'est beaucoup trop peu » pour le maire, qui veut de quoi abriter les voyageurs, deux parkings longue durée, des aménagements permettant l'accès des bus des deux côtés, davantage de places pour les vélos, et « pourquoi pas une station VCub ? ».
Quant aux liaisons avec le tram, Patrick Pujol n'y voit pas « une hypothèse à court terme », en tout cas vers le futur terminus de la ligne C au Géant Casino. La gare de Bègles ferait l'affaire en attendant des jours meilleurs.
Le maire plaide la relance de la ligne SNCF de ceinture qui « permettrait d'offrir une desserte extérieure de la CUB, de Villenave jusqu'à Blanquefort, un secteur où il y a énormément de déplacements domicile-travail dans les deux sens ».
Là encore, ce n'est pas seulement GPSO qu'il faut convaincre, mais la CUB et la Région Aquitaine, organisatrices des transports. Le maire compte bien sur la présence de représentants d'Alain Rousset et Vincent Feltesse, le 27 octobre, pour faire pression. « La Région dit qu'elle peut donner des précisions sur le cadencement. On les attend depuis longtemps », insiste Patrick Pujol.