Malgré cinq heures de retard, les pèlerins gardent l'esprit zen
Le train de nuit a mis vingt-et-une heures pour ramener à Lille les pèlerins lillois.
Le train de nuit qui ramenait du sanctuaire de Lourdes à Lille plus de 400 pèlerins et malades est arrivé hier à 17h30... au lieu de 12h30 ! À l'arrivée, pas un râleur à l'horizon... Malgré la chaleur, la fatigue, l'attente, l'impatience et les fourmis dans les jambes, ils gardent le sourire vissé aux lèvres. Les 420 pèlerins ayant embarqué à Lourdes, lundi soir à 20h, à bord du « train vert » à destination de Lille auraient pourtant des raisons de se plaindre : alors qu'ils devaient arriver hier à 12h30, ils ont en réalité accosté à la gare Lille Flandres à... 17h30, au terme d'un voyage de vingt-et-une heures et trente minutes !
Motif du retard : un problème de motrice survenu vers 1h30, alors que le train venait de dépasser Cahors. « C'est un moteur qui a lâché, dans une zone compliquée d'accès », explique Jonathan Vercruysse, directeur de la communication de la SNCF du Nord - Pas-de-Calais. Dans ce secteur, les trains ne circulant que sur une seule voie, il a fallu acheminer une autre motrice qui a ramené le train à Cahors... avant de repartir dans l'autre sens, ce qui a pris entre une heure et demie et deux heures. « On a essayé de réveiller le moins de monde possible, et certains se sont pincés pour y croire lorsqu'ils se sont réveillés à 8h30 : on n'était qu'à Brives ! » raconte Pascal, 49 ans qui a joué le rôle de brancardier tout au long de ce pèlerinage d'une semaine à Lourdes.
Pour la SNCF, le problème dépasse le simple retard : parmi les 420 passagers du train, se trouvent des personnes parfois lourdement malades ou handicapées.
« Il y avait deux voitures avec des personnes totalement alitées, certaines avaient du diabète. On connaît tous des malades, donc on a tout fait pour être justes et humains, avec des arrêts avec intervention médicale à Brives, Limoges et Orléans », indique Jonathan Vercruysse.
Les pèlerins, eux, n'en démordent pas : quand on les interroge sur ce retard, ils évoquent les joies de leur séjour à Lourdes, et pas l'inconfort du voyage.
« C'est une péripétie, ça a pu être difficile pour certains malades, mais pour nous, ça a été. Vous savez, on a passé une semaine formidable ! » , tranchent Patricia et Vincent, qui habitent Wasquehal. Plus loin, Claire et Pascal s'activent pour aider une personne handicapée à regagner la terre ferme. Une fois la manoeuvre achevée, ils se font philosophes. « On a eu une bonne réactivité de la SNCF qui a bien fait les choses : il y a eu plusieurs arrêts où on nous a proposé de l'eau et des sandwiches », détaille Pascal. Claire parvient même à trouver un aspect positif à l'incident : « Ça a été une bonne expérience de fraternité entre nous. Y avait pas de râleurs : on est avec des gens qui souffrent sans jamais se plaindre, donc à côté de ce qu'ils vivent tous les jours, cinq heures de retard, ce n'est rien ! » « On en a profité pour jouer aux cartes », s'amusent Anne-Sophie, Chloé et Solène, trois élèves de seconde du lycée privé Saint-Paul de Lille. Près de 130 lycéens lillois ont participé au séjour : chacun d'entre eux a pris en charge tout au long de la semaine une personne malade ou handicapée. « Ce sont des gens très attachants, dès que je peux, j'y retourne ! », assure Anne-Sophie.
Malgré cette bonne humeur ambiante, il n'est pas impossible que le diocèse de Lille, qui affrétait sept trains entre lundi et mardi, demande des comptes à la SNCF. Mais hier, ses responsables voulaient se laisser le temps de la réflexion