Tarifs LGV Rhin-Rhône : La SNCF dépasserait-elle les limites ?
Le 11 décembre 2011, la branche Est de la nouvelle ligne à grande vitesse Rhin-Rhône, reliera Dijon à Mulhouse. Elle permettra à la capitale bourguignonne de bénéficier de liaisons supplémentaires et de temps de parcours considérablement réduits allant de 25 minutes à plus d’une 1h30 sur plusieurs trajets en direction de Paris, Mulhouse, Strasbourg et Besançon notamment. Des évolutions notables qui vont également impliquer de nouveaux horaires et de nouveaux tarifs, parfois revus à la hausse.
Des tarifs revus à la hausse...Débutés en juillet 2006, les travaux de réalisation de la première tranche de la branche Est de la Ligne à grande vitesse (LGV) Rhin-Rhône sont aujourd’hui finalisés. Le 11 décembre 2011, cette première portion de 140 kilomètres entre Villers-les-Pots (21) et Petit-Croix (90) sera mise en service.
Avec cette nouvelle ligne, Dijon est confirmée dans sa position de carrefour TGV : Onze nouvelles liaisons quotidiennes à grande vitesse avec Mulhouse, deux allers-retours quotidiens supplémentaires vers Paris - soit seize au total -, sept allers-retours vers Lyon, dont six prolongés vers Marseille et Montpellier et trois allers-retours vers Zurich. "La liaison Dijon-Nevers a été adaptée pour permettre des correspondances vers Mulhouse et Zurich. De cette façon, nous permettons aux personnes vivant à l'Ouest de la Bourgogne de se rendre plus facilement à l’Est", remarque Jean-Pierre Colle, de la direction régionale Bourgogne-Franche-Comté de la SNCF. La fréquence des liaisons avec Strasbourg sera également amplifiée par de bonnes relations TGV/TER en gare de Mulhouse. De même, cinq nouvelles liaisons quotidiennes relieront Dijon à Besançon et Belfort-Montbéliard.
Mais à quel prix vont se faire ces nouvelles liaisons ? En Franche-Comté, la présidente du conseil régional, Marie-Marguerite Dufay, a dénoncé des hausses de tarifs supérieurs à 25% sur certaines lignes pour des billets de seconde classe. Sur la ligne Belfort-Paris, le coût du trajet passe de 53,10 euros à 72 euros. "Il y a une limite qui est en train d’être dépassée, on ne peut pas aller au-delà de 20% d’augmentation", a-t-elle estimé. La SNCF juge, elle, que la gamme de prix du TGV Rhin-Rhône est "comparable à celle en vigueur sur l’ensemble des autres lignes nationales".
En Côte d’Or, certains trajets vont également accuser une hausse (Voir le document ci-joint). À titre d’exemple, le trajet en seconde classe de Dijon à Strasbourg coûtera 58€ plein tarif au lieu de 44€ auparavant. Une augmentation d’un peu plus de 30% qui s’explique par le fait qu’il n’existait aucune liaison directe avant l’arrivée de la nouvelle ligne. Les liaisons qui n’ont pas subi de gros changements, ne verront pas leurs tarifs évoluer. À l’instar du trajet Dijon-Paris, qui coûte actuellement 46€ en tarif normal en seconde classe et qui passera en décembre 2011 à 48€. Les tarifs professionnels de cette ligne restent également inchangés - de 50 à 53€ en seconde classe et de 84 à 88€ en 1ère classe selon les heures de pointe.
Pour son lancement, la SNCF propose toutefois des tarifs préférentiels. 150 000 billets Prem’s à 22 € (17€ et 12 € sur les liaisons courtes et très courtes) sont en vente pour des voyages effectués sur une liaison en TGV Rhin-Rhône entre le 11 décembre 2011 et le 11 mars 2012. 35 000 places ont déjà été réservées jusqu’ici. En décembre également, les abonnements Fréquence 1ère classe seront vendus seulement 10€ de plus que ceux de 2nde classe.
85% des horaires modifiés en décembreEn marge des tarifs, les horaires vont également évoluer. Si chaque année, tous les réseaux ferroviaires européens enregistrent certains changements d’horaires afin de répondre aux attentes des voyageurs, en 2012, une plus importante évolution touchera le réseau. Une conséquence de l'ouverture de la LGV mais aussi de la réfection de 6.240 kilomètres de voies. À compter du 11 décembre prochain, ce sont en effet 85% des horaires des trains qui seront modifiés sur l’ensemble du territoire national. Du jamais vu dans l'histoire du chemin de fer en Europe d’après la SNCF.
"En Bourgogne, ce seront également entre 80 et 85% des horaires TGV, TER, fret y compris, qui vont changer, et ce, afin de les rendre plus lisibles et d’optimiser les correspondances", note Antoine Latouche, chef du service commercial et de gestion du Réseau Ferré de France (RFF) Bourgogne Franche- Comté. Dans le sens Dijon - Paris, cette évolution se traduit par un départ supplémentaire avant 9h30 et un autre en début de soirée.
À cela s’ajoute la mise en place progressive d’un système de cadencement avec des horaires réguliers et répétitifs (6h14, 7H14, 8h14...). "Cela doit permettre de pouvoir faire circuler à l’avenir des trains encore plus nombreux et plus ponctuels", ajoute Antoine Latouche. Le cadencement n’est toutefois pas nouveau dans al région puisque le conseil régional de Bourgogne a déjà engagé plusieurs actions en ce sens avec Réseau Ferré de France depuis 2008.
La LGV Rhin-Rhône en concurrence avec la LGV Est ?La réalisation de cette première tranche doit maintenant laisser place à une deuxième tranche portant sur deux tronçons : à l'Ouest entre Villers les Pots et Genlis - 15 km - et à l'Est entre Petit-Croix et Lutterbach - 36 km. Le calendrier de sa mise en œuvre n’est actuellement pas encore arrêté, néanmoins l'Union européenne des Chambres de commerce et d’industrie (UECC) ont adopté à l'unanimité la résolution en faveur de sa réalisation prioritaire et accélérée (Lire notre article ici). Car il est un enjeu de taille : la branche Est de la LGV Rhin-Rhône pourrait en effet être menacée par la réalisation complète prochaine d’une autre ligne, la LGV Est.
Celle-ci permettra à l’horizon 2016 de réduire encore les temps de trajets sur la liaison Paris-Mulhouse-Bâle via Strasbourg. Elle proposera un temps de parcours entre Paris et Mulhouse de 2h33 contre un trajet de 2h40 avec la première tranche de la branche Est de la LGV Rhin-Rhône. Elle pourrait alors entraîner une perte de dessertes pour le trafic Est/Ouest de la LGV Rhin-Rhône. Une hypothèse que soutient l’association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerranée : "Il ne faut pas se voiler la face ; ce risque de concurrence et de basculement de la clientèle d'un itinéraire à l'autre existe".
Officiellement, cette éventualité a été rejetée par la SNCF. Mais pour l’association, pas de doutes possibles. "L’exploitation se fera également dans de bien meilleures conditions avec la LGV Est : avec une ligne nouvelle intégrale entre Paris et Strasbourg et une ligne aménagée de Strasbourg à Bâle apte aux 220 km/h. Sans oublier les difficultés provenant, d’une part, de la capacité résiduelle limitée de la LGV Paris/Lyon et, d’autre part, du niveau de saturation de la gare de Lyon, contrairement à la gare de l'Est, bien qu'elle-même soit très chargée aux heures de pointe".
La solution consisterait à réduire au maximum l'écart entre la mise en service de la deuxième tranche de la LGV Est et celle de la LGV Rhin-Rhône. Cette deuxième tranche proposera en effet un temps de parcours identique de 2h33 à celui de la LGV Est. Lors de l’inauguration officielle de la LGV Rhin-Rhône le 8 septembre 2011 (Lire notre article ici), le président de la République, Nicolas Sarkozy, a confirmé le souhait du gouvernement de lancer rapidement le chantier de cette deuxième tranche, en 2014 au plus tard. Cela supposerait la réalisation du montage financier dès 2012.
Reste que pour maintenir définitivement l’avantage par rapport à la LGV Est, la réponse possible serait la réalisation de la branche Ouest complète, qui relie Dijon à la LGV Sud Est en direction de Paris. Celle-ci permettra, cette fois, de relier Paris à Mulhouse en 2h13. La branche Ouest est explicitement mentionnée par la convention bilatérale franco-suisse du 2 novembre 1999 relative au raccordement de la Suisse au réseau ferré français, notamment aux liaisons à grande vitesse. Sa réalisation est envisagée à l’horizon 2025.