Sommet franco-italien de Lyon : quatre clés pour comprendre
Lyon. Le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin est aujourd’hui au centre du sommet franco-italien organisé en présence de François Hollande et de Mario Monti, le président du Conseil italien. Le choix de Lyon pour accueillir cette rencontre au sommet est un symbole fort.
Le choix de Lyon est un symbole
Le choix de Lyon pour accueillir ce sommet franco-italien est un symbole fort de la dimension interrégionale et transfrontalière du projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. Ici, la contestation du projet est aussi moins forte et moins audible que de l’autre côté des Alpes, où la voix des opposants, dont les actions peuvent être radicales, à une portée nationale. Ce n’est pas le cas en France. Les opposants manifesteront aujourd’hui à Lyon, mais sauf incident majeur, leur rassemblement est appelé à rester en marge du sommet franco-italien.
Un grand projet transfrontalier
Le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin sera aujourd’hui au centre des discussions entre Français et Italiens. Les deux États ont la volonté de voir avancer ce projet dont le coût et le calendrier font toujours l’objet de contestations. Dans les pires des hypothèses, qui sont publiquement évoquées en France, le projet global pourrait coûter plus de 26 milliards d’euros et n’être mis en service que vers 2028-2029.
Il permettrait de relier les deux villes en 1h45. Au-delà des deux seules villes, la liaison ferroviaire mixte voyageurs-fret permettrait de faciliter les échanges économiques et commerciaux entre les grandes régions européennes que sont le Piémont, la Lombardie et Rhône-Alpes. D’ici là, et dans un contexte économique et politique incertain, tout paraît possible.
Rencontres bi-latérales à très haut niveau
C’est un sommet. Les dirigeants politiques des deux pays seront donc présents aujourd’hui à Lyon, à commencer, côté français, par François Hollande, président de la République, Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, et pas moins de sept ministres du gouvernement, parmi lesquels Laurent Fabius (Affaires étrangères), Manuel Valls (Intérieur), Frédéric Cuvillier (Transports) et Arnaud Montebourg (Redressement productif). Côté italien, le président du Conseil, Mario Monti, sera aussi accompagné par plusieurs de ses ministres.
Un sommet sur le terrain politique lyonnais
Ce matin, François Hollande aura un entretien avec Gérard Collomb avant l’ouverture du sommet. Le maire de Lyon entend en profiter pour défendre les grands projets lyonnais. Par ailleurs, Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg pourraient en marge du sommet se rendre à Villeurbanne pour y visiter les Atelières, une association qui emploie notamment d’anciennes ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby. Najat Vallaud-Belkacem doit signer sur place une convention pour l’égalité professionnelle hommes-femmes.
Source http://www.leprogres.fr/politique/2012/ ... comprendre
Lyon-Turin : un pas décisif attendu lors du sommet franco-italien de Lyon
Transport. D’importants travaux préliminaires ont été engagés pour cette liaison ferroviaire européenne dont l’intérêt pour le fret supplante celui pour les voyageurs.
Des dates clés en l’espace de vingt ans, le projet de liaison ferroviaire, voyageurs à grande vitesse partielle et fret Lyon-Turin en a déjà connu de nombreuses qui ont fait avancer le dossier mais à une allure d’omnibus. Le sommet franco-italien qui se tient aujourd’hui à Lyon est une nouvelle étape importante attendue avec espoir par les défenseurs du projet et redoutée par ses opposants. Elle peut se révéler capitale.
Dès 1994, le programme Lyon-Turin est inscrit dans la liste des 14 projets prioritaires de transport de l’Europe. Le 29 janvier 2001, un accord franco-italien décide de sa réalisation et LTF (Lyon-Turin Ferroviaire) est créée pour mener les études complémentaires et effectuer les travaux de reconnaissance de la partie franco-italienne du programme. Ce n’est qu’en janvier dernier qu’un avenant à ce traité précisant la répartition financière de la partie transfrontalière entre l’Europe, l’Italie est la France est à son tour paraphé. Elle comporte essentiellement le tunnel de 57 kilomètres entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, sous le Mont-Cenis. C’est cette partie transfrontalière qui sera l’enjeu de ce sommet.
Le comité pour la Transalpine créé en 1991 qui réunit des collectivités locales, des entreprises, ces chambres consulaires veut des actes concrets de la part de François Hollande et Mario Monti. En premier lieu qu’ils décident de faire ratifier par leurs parlements l’avenant au traité de janvier 2012 mais aussi qu’ils lancent les démarches pour la création d’un promoteur public chargé de construire et d’exploiter la section transfrontalière.
Les écologistes sont désormais contre « ce nouveau tunnel jugé coûteux et inutile "
LTF espère qu’un feu vert sera donné à la construction d’une galerie de reconnaissance entre les descenderies de Saint-Martin-La-Porte et de la Praz. Longue de 9 km, elle serait creusée par un tunnelier au gabarit des tubes du futur tunnel dont elle deviendrait de fait une première section.
Depuis dix ans, des travaux impressionnants ont déjà été réalisés : 200 forages, la construction en France de trois descenderies, véritables tunnels de plusieurs kilomètres chacun permettant d’acheminer les engins de chantier pour attaquer le percement du tunnel transfrontalier en plusieurs points et pas seulement à ses deux extrémités. Ils serviront ultérieurement d’accès de maintenance et de sécurité. Comme la galerie de La Maddalena, en Italie, à peine ébauchée sous très haute protection.
En Italie l’opposition « No TAV » s’est radicalisée.
Côté français, elle est apparue plus récemment mais commence à se faire entendre. Le quasi-consensus politique rhônalpin a lui vécu, les écologistes sont désormais contre « ce nouveau tunnel jugé coûteux et inutile ».
Au fil des années, plus que la grande vitesse voyageurs mettant, le projet totalement achevé, Lyon/Saint-Exupéry à 1h45 de Turin, c’est en premier lieu la capacité de reporter plusieurs dizaines de millions de tonnes de marchandises de la route sur le rail que mettent en avant les promoteurs du Lyon-Turin, maillon essentiel d’un corridor européen reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale.
Débat sur la ligne historique
La Cour des comptes préconise de s’intéresser à la modernisation de la ligne historique pour l’utiliser au maximum de ses capacités. Celle-ci voit passer des trains de fret classique mais aussi ceux de l’autoroute ferroviaire alpine entre Aiton en Savoie et Orbassano dans la banlieue de Turin. Les longs travaux engagés dans l’actuel tunnel du Mont-Cenis pour ouvrir son gabarit à de nouveaux types de remorques chargées sur ses wagons spéciaux doivent donner une nouvelle dimension à ce qui est encore aujourd’hui une expérimentation.
Les partisans d’une nouvelle liaison assurent que la ligne historique est incapable de permettre un report modal sur le rail conséquent à l’horizon 2035. Elle culmine à 1300 m d’altitude et demande plusieurs locomotives pour tirer un convoi limité en longueur. Ce ne serait pas le cas de la nouvelle ligne avec son tunnel de basse altitude. Par ailleurs, la ligne classique est empruntée aussi par des TER ce qui restreint le nombre de convois de fret possible.
L’opposition s’est transformée en Italie
Mario Virano Commissaire italien pour le Lyon-Turin
Mario Virano a passé plusieurs années à dialoguer pour faire évoluer et accepter le projet de l’autre côté des Alpes. Il considère aujourd’hui que l’opposition a complètement changé en Italie, qu’elle a considérablement diminué en nombre mais qu’elle est devenue plus violente : « Le Lyon-Turin est désormais un symbole de modèle de développement de capitalisme pour certains ». Mario Virano se déplace accompagné de deux gardes du corps.
Pour le commissaire extraordinaire du gouvernement italien pour le Lyon-Turin, « ce projet n’est pas seulement une question de transport, c’est travailler à la construction de l’Europe unie. Le sommet franco-itallien de Lyon est donc un rendez-vous très important au cours duquel les deux présidents pourront prendre des engagements ».
Sources http://www.leprogres.fr/rhone/2012/12/0 ... en-de-lyon , http://www.leprogres.fr/rhone/2012/12/0 ... historique et http://www.leprogres.fr/rhone/2012/12/0 ... -en-italie