Ligne Belfort-Delle : la Suisse sur les rails en 2016
C’est enfin officiel : la ligne ferroviaire entre Belfort et Delle et, au-delà, la Suisse, sera opérationnelle en 2016. Les partenaires français de ce dossier et leurs homologues de la Confédération helvétique, réunis hier à Montbéliard, ont enfin bouclé le budget de 116 millions d’euros.La réouverture de la ligne Belfort-Delle est un thème récurrent depuis que la SNCF a procédé au démantèlement de cette infrastructure, « ce qui ne fut pas la chose la plus heureuse », a commenté, hier, Philippe Receveur, ministre des Transports de la République et Canton du Jura suisse. Désormais, après des années d’un combat acharné de part et d’autre de la frontière, c’est quasiment fait : le montage financier de la remise en service d’une desserte électrifiée et modernisée est enfin réalisé.
Les liens forts, tant politiques qu’économiques, tissés depuis plus de trente ans entre le gouvernement jurassien et les élus francs-comtois se ressoudent au fil de rencontres régulières, comme la Conférence annuelle qu’ils ont tenue, hier, en présence du ministre français de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, du président du gouvernement du Jura suisse, Michel Probst, de son ministre des Transports Philippe Receveur, de l’ambassadeur de France en Suisse, Michel Duclos, du préfet de Région Stéphane Fratacci, de la présidente de la Région de Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, du sénateur suisse Claude Hêche, du président de Pays de Montbéliard Agglomération, Jacques Hélias, du président du conseil général du Territoire de Belfort, Yves Ackermann et du député du Doubs Frédéric Barbier. Cette réunion, comme le résume Michel Probst, a permis d’aborder les différents dossiers au cœur de la coopération transfrontalière, qui, en plus des transports, concernent la santé et la construction de l’hôpital médian à Trévenans, la sécurité, l’emploi et l’économie ainsi que les questions d’environnement, où la qualité de l’eau du Doubs franco-suisse occupe une grande place.
De tous ces sujets, la question à qui chacun reconnaît un caractère « primordial, fondamental », c’est la desserte ferroviaire Belfort-Delle. Vu du côté français, « c’est le chaînon manquant pour conforter le rôle de plaque tournante du nord Franche-Comté et renforcer les liaisons internationales » , estime Pierre Moscovici.
Et vu du côté suisse, « c’est la troisième porte d’entrée ferroviaire dans la Confédération » , déclarent ses représentants, vivement intéressés, à l’inverse, par un accès à la gare TGV de Meroux, tout en insistant sur l’importance de leur participation financière « exceptionnelle par son ampleur » (28 M€) s’agissant « d’un projet hors les murs » , rappelle le sénateur Claude Hêche, vice-président de la Conférération des États. « Un projet qui revient de loin, car il n’était pas du tout évident de le voir aboutir dans le contexte des difficultés actuelles » , commente pour sa part Marie-Guite Dufay, désormais célèbre dans les ministères parisiens, « pour son opiniâtreté à défendre ce dossier » , rapporte Pierre Moscovici.
En dépit d’une facture qui n’a cessé de s’alourdir, pour atteindre aujourd’hui quelque 116M€, le montage financier est donc bouclé, les huit derniers millions d’euros qui manquaient ayant été trouvés, dont la moitié dans les tiroirs suisses…
L’addition sera supportée à hauteur de 33M€ chacun par l’Etat français et par la Région et par la Confédération Helvétique à hauteur de 28M€ (dont 3M€ du Jura suisse).
Le projet revient de loin, car il n’était pas du tout évident de le voir aboutir
Le reste se répartit entre le conseil général du Territoire (5M€), la Communauté d’agglomération de Belfort (3M€), la Communauté de Communes du Sud Territoire (qui accepte de mettre 1M€), Réseau ferré de France (4M€ + 6M€ de provisions pour imprévus) et le fonds européen Interreg (1,5M€).
« Prévue à l’origine en 2015, la mise en service de cette ligne ne pourra pas se faire avant 2016 » , prévient la présidente Marie-Guite Dufay, indiquant en outre que affrètement de 48 trains TER quotidiens dans les deux sens « coûtera 4 M€ par an à la Région ».
Le calendrier définitif de la mise en œuvre de ce chantier « devrait être arrêté dans les deux mois », annonce pour sa part le préfet de la Région Franche-Comté Stéphane Fratacci.