Aujourd'hui dans le Ouest-France (http://www.angers.maville.com), un bel article sur le fonctionnement du réseau!
vendredi 17 septembre 2004
Pas facile de mettre les bus en ligne
Semaine européenne de la mobilité et du transport public
Chaque jour, les bus de la Cotra enregistrent près de 120 000 voyages. Pour tisser la toile des 1 200 arrêts, il faut résoudre une équation à multiples inconnues. Objectif : la ponctualité. Pas toujours facile.
« Heureusement, on a l'informatique... » Jean-Jacques Bouttereux, le directeur de la Cotra, se souvient pourtant de ses débuts. « On faisait tout à la main, avec une règle, un crayon à papier et surtout une gomme ! » Comme pour les trains, il s'agit de faire arriver les bus à l'heure. Sans télescopage. Une gageure dans une ville comme Angers. Pour mettre en place un réseau, et surtout le faire évoluer, les sociétés de transports ont mis en place des méthodes véritablement scientifiques. Philippe Debove, le directeur du marketing, se livre pour nous au délicat exercice de vulgarisation.
• 1re étape : connaître le marché.
Tous les 10 ans, la Cotra effectue une lourde enquête auprès de 3 000 ménages. La dernière date de 1998. Chaque personne doit noter pendant une semaine tous ses déplacements supérieurs à 200 m. « Cela nous permet d'établir une carte des flux. » Tous les 3 ans, une autre étude est menée sur le réseau pour connaître l'origine et la destination de chaque voyageur, son arrêt à une éventuelle correspondance et le motif de son déplacement.
« Cette masse de données nous sert à plein de choses. » Comme repérer le poids des arrêts et les aménager avec des systèmes automatiques d'information. Comme modifier les itinéraires si les correspondances sont trop nombreuses. Comme rallonger les lignes pour suivre l'évolution de l'urbanisation. Comme changer le type de véhicule. Comme orienter la grille tarifaire.
Les enquêtes sont menées lors du dernier trimestre. « En début d'année, nous réfléchissons aux changements que nous mettons en place en septembre. »
• 2e étape : le graphicage.
Le terme vient en droite ligne des chemins de fer. Cela consiste à dessiner (grâce à l'informatique) une ligne avec tous ses bus en tenant compte de la vitesse moyenne (qui diffère entre le centre et l'agglo), des impératifs horaires (rentrée des classes, sortie de bureaux...) et bien sûr du nombre de voyageurs. Aux heures de pointes, 18 bus circulent ainsi sur la ligne 1 Belle-Beille - La Roseraie. Il en passe un toutes les 6 minutes.
• 3e étape : l'habillage.
Une fois le graphicage terminé, il faut habiller les lignes, c'est-à-dire créer le service des conducteurs. Sachant que tous ne travaillent pas 8 heures par jour, que certains sont du matin et d'autres du soir, qu'il faut prévoir des remplaçants, qu'il faut tenir compte des contraintes administratives et sociales. « Chaque agent ne peut pas conduire plus de 4 h de suite. » Il faut aussi ramener le bus au dépôt en fonction du planning d'entretien de l'atelier. « Pour digérer tout ça, on utilise un logiciel conçu au Québec. »
• 4e étape : la mise en place.
Le nouveau réseau finalisé, reste à informer le public. Mais aussi rentrer dans la base informatique les horaires pour tous les bus. Ils sont en effet suivis en temps réel sur leurs parcours. Ils émettent un signal toutes les 10 secondes. Tout est contrôlé par un PC au siège de la Cotra. Retard ou avance, le chauffeur est informé mais aussi les usagers.
Le PC peut aussi intervenir sur les feux tricolores... « Nous devons être réactifs. Quand une canalisation casse et barre une rue, on ne peut pas dévier le bus comme une voiture, car les usagers attendent à l'arrêt suivant. » Une manière de s'entraîner avant l'immense chantier du tramway... « On a déjà réfléchi à une réorganisation du réseau. Mais avec ce genre de travaux, on n'est jamais à l'abri d'imprévus. »
Article de Guillaume BALLARD.