Cramos Wrote:Avant de se plaindre du centre ville d'Angers qui meurt, il faudrait aller voir les petites villes de 5, 10 30 ou 50 000 habiotants pour voir que là, le centre vill meurt vraiment. Angers est relativement épargné de par sa taille.
Ce que tu dis est vrai, mais ce n'est pas parce que, par exemple, à Mouliherne, à Baugé ou à Cholet la situation serait défavorable, voire critique, que celle d'Angers serait favorable.
Dans une petite commune on trouve encore, mais de moins en moins, des commerces du quotidien (alimentation, bien plus rarement vêtements, chaussures, etc.), tandis que dans une ville plus grande on trouve, en plus, des commerces d'équipement (ameublement, gros électro-ménager, concessions automobiles, etc.), mais là aussi il y a une crise.
Comme nous nous écartons du pelliculage des tramways et que cette question du déclin des centres-villes et de leurs commerces est d'un intérêt primordial, je crée un nouveau sujet,
« Le déclin des centres-villes et de leurs commerces », dans lequel je vais mettre des liens récents vers des articles de journaux qui traitent de ce problème crucial.
C'est le problème énorme de la
« France périphérique », ainsi nommée par le géographe Christophe GUILLUY, lequel a mis à jour ce concept qui a tellement dérangé dans les milieux supérieurs (celui de ceux qui se croient infailliblement compétents pour organiser un pays) qu'il a été durement contesté. Pourtant il suffit d'ouvrir les yeux — mais à condition de sortir des beaux quartiers de nos métropoles-Potemkine — pour en constater l'existence flagrante.
Angers, même si la situation n’est pas critique, fait partie de la
« France périphérique », comme l’énorme majorité des villes françaises.
On peut aussi regarder les articles de Wikipedia consacrés aux communes : pour la France les statistiques démographiques y sont systématiquement indiquées, en remontant jusqu'à la Révolution (premières statistiques en 1793). Il y a énormément de communes petites et grosses qui subissent une hémorragie de population.
Hier j'ai regardé pour Autun, sous-préfecture de la Saône-et-Loire qui semble charmante, avec un très beau patrimoine (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Autun). C'est une ancienne grande ville romaine, pour l'époque, fondée peu avant la fin du 1er siècle avant Iésus-Christ, de beaux vestiges subsistent de cette période romaine, s'ajoutant à de beaux monuments médiévaux. Sa population était d'environ 21 500 habitants en 1975 (l’apogée), mais aujourd'hui elle est tombée à 14 000, soit une perte d'un tiers et, je le crains car c'est assez vraisemblable, un fort appauvrissement dû à ce déclin. Tous ces logements vacants sont sans doute de futures ruines et leurs propriétaires, très rarement riches, ont perdu gros, d'ailleurs leurs biens sont invendables, faute de demande, tout en coûtant des frais. La gare d’Autun n’est plus desservie par des trains, depuis peu : le 20 novembre 2016, il y a seulement huit mois. Selon Wikipedia (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gare_d%27Autun) :
« Autun n'est plus desservie par train depuis le 20 novembre 2016, date de suspension des circulations sur la ligne. La SNCF annonce que des études vont être entreprises pour une "modernisation de la voie" et une desserte routière de substitution mise en place ». Pour la réouverture très éventuelle il faudra attendre le renouvellement de la voie, mais avec quel argent ? Cette « suspension » risque, je le crains, d’être définitive. C'est ulcérant de découvrir ce genre de situation. Encore un exemple de plus de l'abandon du réseau ferroviaire hors TGV.
Par les statistiques de Wikipedia (*) on constate que, dans de très nombreux cas, l'année 1975 a été l'apogée des communes-centres.
Cet effondrement démographique, on l'observe dans énormément d'endroits, entre autres :
— Saint-Étienne et ses grosses communes périphériques de la vallée de l'Ondaine (Firminy, le Chambon-Feugerolles) et de la vallée du Gier (Saint-Chamond, Rive-de-Gier), perte globale de l'agglomération : environ 25 % ;
— Le Havre : 45 000 habitants perdus depuis 1975, perte = 20,6 %, en moyenne Le Havre a perdu chaque année 1 100 habitants depuis une quarantaine d'années. Pourtant c'est, en le globalisant avec celui de Rouen, le plus grand port français, Atlantique et Méditerranée confondus ;
— dans le centre de la France Moulins, Roanne, Nevers, Montluçon, Vierzon ont subi, depuis 1975, une énorme perte d’habitants, pouvant aller à 35%, à ce taux il ne reste plus que deux habitants sur trois. Le Creusot a perdu 43% depuis 1920, année de son apogée.
Mais ce ne sont que quelques exemples isolés, pris dans une immensité de situations défavorables. Je n'ai pas parlé du Nord – Pas-de-Calais, ni des Ardennes, ni du Massif Central, etc
En revanche, l'ïle-de-France compte aujourd'hui environ 13 millions d'habitants, quand, dans les années 50 elle n'en comptait que cinq (260% d'augmentation). Ce n'est pas de l'urbanisation, ce n'est qu'une immense flaque bâtie qui n'a guère de forme ni de structure.
Pourtant, initialement, la décentralisation-régionalisation devait à la fois :
— limiter l'extension de la région parisienne ;
— revivifier les provinces.
Quel échec lamentable : c'est raté dans tous les domaines. On a le droit de rire méchamment de la compétence des initiateurs et des chargés d'études.
Mais on ne voit pas le moindre soupçon d'infléchissement de cette politique, quel que soit le pouvoir en place : la pensée unique a tout laminé sur son passage..
Bien sûr, dans les cas de déclin que j'ai cités, les communes périphériques ont pu compenser par leur accroissement les pertes de la commune-centre, mais c’est loin de se vérifier systématiquement.
Poursuivre ce genre de recherches sur la démographie est passionnant, mais on éprouve aussi du découragement et même de l’écœurement devant cette évolution négative qui semble fatale.
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(*) Les statistiques de Wikipedia sont pour la période 1793-1999 celles de l'EHESS, École des hautes études en sciences sociales, puis celles de l'Insee à partir de 2006.