L'Est Républicain Wrote:Le scénario inachevéPendant des heures, les élus du Grand Nancy ont débattu de l'avenir des transports. Pas de verdict pour le tram. Mais une future « ligne campus » pour dé-saturer la 1.Faut-il remplacer le tram ? Les longs débats qui, sans compter de vifs et inévitables échanges sur le CHU de Nancy, ont animé hier soir le Grand-Nancy n'ont pas tranché cette délicate question (ER du 15/12).
Mais après l'expertise sur les coûts de fonctionnement de l'engin, c'est tout « l'avenir des transports » qui était au menu des 80 élus. Y compris leur mode de gestion. Pas un hasard : la délégation de service public à Connex arrive à échéance.
Il a même fallu hier soir la prolonger d'un an (la gauche a voté contre), le temps d'orchestrer des appels d'offres qui n'ont pas pu être lancés dans l'attente des résultats de ladite expertise.
C'est en tout cas à la faveur de ce rapport publié début décembre qu'André Rossinot avait annoncé un grand débat. Objectif : une «
mise à plat » de tout le dossier transport.
Les experts se sont succédé hier devant les élus pour exposer les gestions possibles (maîtrise d'ouvrage public, délégation, contrat de partenariat), présenter un sondage, établir un diagnostic du réseau... Sur la table aussi des élus, un panorama technico-financier, dressé par le cabinet Systra, des matériels existants : tram sur fer (le coût d'investissement au km varie de 21 à 36 M€ au km), tram sur pneus (15,9 M€ pour le Bombardier, 25 M€ pour le Translohr à Clermont-Ferrand), bus à guidage optique (8,4 M€/km à Rouen), véhicule à guidage magnétique (10,7 M€/km à Douai). Ou encore trolleybus nouvelle génération. Là, pour la ligne 2 de Nancy, les prévisions sont d'ailleurs de 8,7 M €/km.
Pas payéVoilà pour le décor. Mais, avec en toile de fond l'éventuel remplacement du tram Bombardier, on attendait des conclusions sur les systèmes capables de répondre aux besoins de Nancy.
Systra juge que sur la 1, dont les 6,20 m de largeur au centre-ville sont une contrainte, c'est du tram sur pneus qui est adapté. Ou sur fer. Mais à condition de passer à Vandœuvre par l'avenue Leclerc, moins pentue que Jaurès. Le trolleybus s'affiche quant à lui adapté à la ligne 2 en site propre.
Mais nombre de pistes restent ouvertes. Et pas question hier soir d'arrêter un scénario pour les transports nancéiens.
Ce n'était pas l'intention d'André Rossinot qui l'a réaffirmé : «
Nous continuons à travailler avec le groupe des maires. Nous écoutons toutes les propositions. Ça prendra le temps qu'il faudra ». Mais pour le boss du Grand Nancy, qui a confirmé avoir refusé de régler le solde du marché à Bombardier, il y a tout de même une urgence : dé-saturer la ligne 1. Ce qui devrait être fait pour fin 2009 avec une «
ligne campus » qui, embryon de la future ligne 3, allégera la 1.
Pendant 3 heures 30 d'échanges, tout y est passé : les correspondances, les tarifs, la gratuité ou même la pertinence de la zone commerciale Marcel-Brot ! Mais aussi la nécessité «
de sortir du syndrome du tram raté », comme le dit Patrice Donati.
PatchworkL'élu de Vandœuvre tourne le regard vers l'avenir, vers des lignes 2 et 3 (qu'il faut «
réaliser avec du matériel éprouvé et des capacités adaptables »), vers des gares urbaines, vers une meilleure desserte des ZAC... Il dit non à «
l'acharnement thérapeutique » sur un tram qu'il faudra envoyer «
au musée » mais après avoir réalisé la 2 et la 3.
A gauche toujours, Patrick Hatzig plaide pour la «
facilité d'utilisation des transports ». Et en psychanalyste, estime que si c'était à refaire, «
tout le monde prendrait ici un vrai tram sur fer. Mais que personne ne veut l'avouer ». Pour Jean-Paul Monin, c'est filmé : «
Il convient de ne plus maintenir » le tram en service, « d'harmoniser les technologies des lignes ».
Bref, l'hémicycle a vécu hier soir, sinon une thérapie de groupe, du moins un débat un peu patchwork dans lequel Pascal Jacquemin n'a d'ailleurs vu qu'un «
faux-semblant de concertation après une politique transport calamiteuse ». Pas la vision de Laurent Garcia qui, ironique, l'affirmait avec «
sérénitude : je crois beaucoup à ce dialogue et au groupe de travail des maires ». Ni de Christian Parra pour qui «
l'essentiel est l'usager, le client ».
Il faudra en tout cas attendre début 2009 pour que se dessine la stratégie transport. Et l'avenir de la chenille.
Ghislain UTARD