par milano » 07 Nov 2009 12:24
Pourquoi cette délégation de service public au privé ?
« Nous vivions une situation ubuesque. La SEMURVAL, société d'économie mixte qui gérait Transvilles, était détenue à 80 % par le SITURV. En fait, ce dernier s'adjugeait à lui-même l'exploitation du réseau. Il était juge et partie, oui. Le syndicat garantissait les recettes, et comblait le déficit si nécessaire. Ce n'est pas de la bonne gestion. La chambre régionale des comptes nous l'avait signifié. Nous avons mis fin à cette situation, à l'unanimité du conseil moins une abstention, celle de la CCI ».
Le réseau géré par un privé, qui garantira le service public ? Pour par exemple assurer l'ouverture d'une ligne de bus utile, mais pas forcément équilibrée côté recettes ?
« Le nouvel exploitant s'est engagé sur un forfait, un kilométrage. Il y a une marge de 2 % de souplesse, pour par exemple ajouter des kilomètres.
Au-delà, si pour une raison ou une autre, nous changeons l'offre commerciale, nous devrons donner des moyens supplémentaires à l'exploitant. On renégociera.
Car bien sûr, le SITURV continuera d'avoir son mot à dire. C'est lui qui fixera les tarifs, et définira l'offre de transport ».
Comment s'est fait le choix de Veolia ?
« Le premier appel d'offres n'avait eu qu'une réponse. Là, nous en avons reçu trois. Veolia, ex-Générale des Eaux ; Transdev, filiale de la Caisse des dépôts ; Keolia, filiale de la SNCF. Plus une entreprise espagnole qui s'est désistée. Le marché du transport devient concurrentiel. Les trois ont fait de belles propositions. L'un était plus cher que les deux autres, Veolia proposait des choses en plus. Vingt-deux bus électriques sur le réseau, se rechargeant en ligne pour offrir des navettes de rabattement vers le tram. Mais aussi des panneaux photovoltaïque pour nos bâtiments, et la récupération des eaux de pluie. Enfin, une redistribution du réseau, plus lisible ».
Quel impact financier pour le SITURV ?
« Nous verserons une contribution forfaitaire fixe sur la durée. Nous saurons exactement où nous allons. Pour les huit ans à venir, notre participation ne changera pas. 29,9 millions, investissement compris, contre 29,7 % en 2009, hors investissement. Pour comparer, ces huit dernières années, notre participation avait augmenté de 90 %. Au final, dans huit ans, nous réduirons notre contribution de 17% . Veolia rachète nos bus et s'engage à les remplacer, sur la base d'un âge moyen de 8,7 ans. Ce qui correspond à un rajeunissement du parc. Le tram et son entretien reste à la charge du SITURV ».
Quel impact sur le réseau ?
« L'offre kilométrique sera augmentée à 9,778 millions de kilomètres en moyenne, contre 9,6 actuellement ( NDLR : cette même offre avait été légèrement baissée ces dernières années dans le cadre d'un plan d'économies). Le réseau sera amélioré. Après étude sur l'origine et les destinations des usagers, de nouveaux services seront ajoutés. L'usine Sevelnord n'était jusqu'ici que très peu desservie. Idem pour Toyota, que de futures navettes rejoindront. Le réseau sera aussi simplifié, avec des parcours moins alambiqués, Il sera vraiment cadencé, avec des bus à intervalles réguliers. Et certains services seront étendus, en zone rurale, pour ce qui est des services à la demande, par exemple le taxi ».
Une offre en extension, un coût qui diminue. Le nouvel exploitant est un magicien, alors ?
« Il utilisera mieux les moyens de production, il gérera mieux, de façon plus rationnelle en renforcant l'outil de travail. Il prévoit aussi des économies en interne, en récupérant par exemple certaines activités sous-traitées, comme la propreté, l'entretien des lignes ».
Les syndicats, en particulier la CGT était absolument opposés au transfert de la délégation de service public. Cette opposition semble être réduite ...
« Les syndicats ont été associés à l'opération, dès le départ, par leurs représentants, même par leur avocat. L'exploitant leur offrira de nouvelles perspectives. Veolia propose un plan de formation plus intéressant, plus volumineux, L'internalisation de certaines fonctions offrira de nouvelles possibilités de développement personnel, des gains de technicité. Nous veillerons à ce que tout se passe bien. Nous travaillons avec nos salariés, pas contre eux. Côté statuts, nos accords d'entreprise nous situent au-dessus de la convention collective des transports. Cette situation sera maintenue. Le candidat s'est engagé le dessus ».
La contribution fixe du SITURV c'est une bonne nouvelle aussi pour le financement des futures lignes 3 et 4 de Valway, vers le pays de Condé et la Belgique ?
« Nous avons mis notre argent dans les lignes du tram. Aujourd'hui, nous avons une baisse du versement transport (payée par les entreprises) du fait de la baisse d'activité. Mais nous pourrons maintenant faire des plans sur 10 ans, nous ne naviguerons plus à vue. Quant aux nouvelles lignes, l'investissement ne sera pas à 95% porté par le SITURV. Nous avons des engagements de l'État, de la Région, de l'agglo. Nous améliorerons notre marge d'autofinancement ». •